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Flandre : « Notre réponse à cette politique (de division) sera brève. La séparation administrative ne fait pas partie du programme flamand… Nous tous, Flamands et Wallons, n’avons en ce moment qu’un seul désir, une seule volonté, une seule pensée : la patrie belge une et indivisible. »

On peut discuter le mouvement flamand, le combattre, le repousser, mais il n’est pas permis de le calomnier, de le dépeindre aux yeux des Français comme un ennemi de la France. Quels accents plus persuasifs trouverais-je pour exprimer les sentiments des Flamingants à l’égard de la grande nation amie que leur langage même ? Voici ce qu’on lit dans une protestation des Associations flamandes de Belgique contre l’usurpation de pouvoir du prétendu Conseil de Flandre ; elle est datée du 30 janvier 1918 : « Le mouvement flamand n’est pas dirigé contre nos compatriotes wallons, à qui à aucun prix nous ne voulons imposer notre langue. Il n’est pas non plus dirigé contre la langue française, que nous respectons « comme le symbole d’une des plus nobles nations de la terre. » A quel personnage cette sympathie respectueuse pour la France était-elle hautement avouée ? Au nouveau Chancelier impérial, le comte, Hertling, dont ces courageux patriotes ne craignaient pas d’attirer ainsi le ressentissement sur leurs têtes. En vérité, lorsqu’on veut savoir ce que pense le peuple flamand, les voix éloquentes qu’il est bon d’écouter sont celles qui s’élèvent de cette terre douloureuse, où les mêmes passions et les mêmes espoirs font battre tous les cœurs patriotes à l’unisson.


Il est pénible à un Belge de parler de la gravité prise par la question flamande en pleine guerre, tant la conduite de certains extrémistes flamingants fut honteuse. Ils ont pactisé avec l’Allemand, maître de leur pays ; ils ont souillé d’une tache indigne l’héroïsme de notre nation. Mais leur défaillance morale a fait ressortir par contraste l’attitude irréprochable de l’immense majorité des Flamands, ce qui est à la fois une consolation pour nous et un gage certain de la résurrection de notre patrie. Je vais parcourir rapidement ces tristes pages de l’occupation de la Belgique, pour suivre la question flamande dans ses développements inattendus.

Avant la guerre, les correspondants des journaux allemands