Même il s’approchait, si quelque vieux Père
Évoquait Léon, Rufin, Junipère,
Ou Madame Claire ou Rivo-Torto ;
Mais bientôt distrait, il cessait d’entendre,
Regardant d’un œil plus fixe et plus tendre
Sœur lune vêtir un pan du coteau.
En lui descendait la paix monacale ;
Son être fondait dans l’ombre amicale ;
Les pins montaient droits, purs, aériens.
Tout mourait : les fleurs fermaient leurs calices,
Et la nuit joignait ses tièdes délices
Aux enchantements des jours ombriens.
L’air sentait le cep, le buis, la rhubarbe,
Les ramiers du ciel jouaient dans sa barbe
Et les ans, ainsi, succédaient aux ans
Mais la vie est vaine et la mort ordonne :
Guido l’attendit de ce front que donne
La tranquillité du cœur et des sens.
Comme il sommeillait, environné d’anges,
La fenêtre ouverte, au temps des vendanges,
La Mère du Christ vint du haut des cieux ;
Elle s’approcha du lit mortuaire
Et tendit au frère un électuaire
D’un parfum subtil et délicieux.
Lui, dès qu’il eut pris cette confiture,
Il abandonna l’humaine nature
Comme un incommode et pesant fardeau.
Et la douce Vierge, entre ses mains closes,
Emporta là-bas où vont toutes choses
L’âme de cristal du frère Guido.
REGIS DE BREM.
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