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chimique sort des limbes. Les explosifs se font. La fabrication du 75 et de ses obus se régularise. A l’anniversaire de la déclaration de guerre, au seuil de la seconde année, notre armée compte 272 batteries d’artillerie lourde au lieu des 68 du début. Fin, octobre 1913, les trois quarts des pièces de gros calibre sur lesquelles nous vivrons jusqu’au milieu de 1917, sont en commande.

En mai 1915, aux accents d’un poète de génie, sous l’inspiration d’un Roi imbu des traditions de sa maison, par la volonté bienfaisante d’hommes d’Etat comme les Salandra et les Sonnino, l’Italie, accomplissant son destin, se range à nos côtés. Le 24 août 1915, à la nouvelle de la mobilisation bulgare répond l’ordre lancé de la rue Saint-Dominique au général Bailloud de prendre toutes les mesures pour envoyer par Salonique une première division au secours de la Serbie. L’expédition de Salonique est faite.

Le second hiver de la guerre. L’année 1916, l’année de Verdun ! En arrêtant l’Allemand devant la ville qu’il voulait à tout prix conquérir, notre Poilu a dépassé le but qui lui était assigné. Il n’a pas seulement conservé à la France sa citadelle : il a gagné la guerre. L’entrée en scène des Etats-Unis fut le prix de son héroïsme. Avant qu’elle ne se produisît, un grand espoir vite éclipsé a illuminé les premiers jours de la troisième année de guerre : la Roumanie s’est jetée dans la lutte. L’Allemagne ne négligera rien pour l’écraser. La vaillante armée roumaine, après avoir cueilli de brillants succès, puis subi de durs revers, s’était reprise. Elle le devait pour une grande part, — sa gratitude l’a maintes fois proclamé, — à l’appui de la mission française.

Saluons après nos poilus leurs chefs, ces officiers formés à notre Ecole de guerre, auxquels la France et l’Entente devront pour une grande part la victoire. Sans désigner personne, qui ne sait l’œuvre que nos états-majors ont silencieusement accomplie dans les jours les plus tragiques ? Depuis les transports par chemin de fer de la mobilisation jusqu’à l’organisation de la navette automobile sur la Voie sacrée de Bar-le-Duc a Verdun, — pour ne citer que deux faits entre mille, — quelle valeur professionnelle, quelle maîtrise affirmées ! Qui a vu fonctionner en pleine retraite de Charleroi le grand