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AOÛT 1914 - AOÛT 1918

La cinquième année de la guerre a commencé.

L’heure n’est-elle pas propice à jeter un regard sur le panorama des quatre années que nous venons de vivre ?

Du 1er août 1914 au 1er août 1918, quelle succession tragique de péripéties ! La mobilisation : spectacle d’une émotion, d’une beauté inoubliables, qui portait en soi la promesse de toutes les merveilles de dévouement et d’héroïsme qui l’ont suivi. Le sacrifice belge : l’immolation sans une réticence de tout un peuple au devoir et à l’honneur. La réponse britannique à la félonie allemande retentissant aux oreilles de M. de Dethmann Hollweg comme le présage de la défaite. Nos espoirs des premières semaines tout d’un coup dissipés à la lecture, un matin de la fin d’août, du communiqué cruellement et volontairement brutal : « De la Somme aux Vosges… » Le retournement. La victoire de la Marne qui fixe le destin !

L’empire britannique déploie son incomparable effort. Quelle vision, en janvier 1915, que celle des superbes bataillons accourus volontairement à l’appel de Lord Kitchener qui les passe en revue ! Des soldats magnifiques, — sans armes.

L’Entente doit forger son armure en pleine bataille. Au mois de juin 1915, pas un fusil n’est sorti des manufactures anglaises. Chez nous, il a fallu d’abord donner du pain aux 75, improviser toutes les fabrications qui, en ces mois de début, se commandent et se gênent l’une l’autre. Peu à peu, la clarté et l’ordre se dégagent du chaos et des ténèbres. Grâce à nos ouvriers et à nos ouvrières, à nos ingénieurs, à nos industriels tendus d’un effort désespéré vers le but qu’il faut atteindre sous peine de mort, des miracles se réalisent. Notre industrie