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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/679

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difficultés que celles amenées, d’une façon générale, par la hausse du change et par la rareté du fret.

Les mêmes statistiques montrent, au contraire, le coup qui pourra être porté à l’industrie de la Mittel-Europa, si les États-Unis et la Grande-Bretagne lui refusent le coton. Les Allemands perdront le bénéfice de l’élaboration, du transport intérieur et de la commission commerciale. Laissons de côté l’élévation de prix que pourront subir les marchandises de coton consommées par eux à l’intérieur ; une immense industrie peut se trouver annihilée, entraînant dans sa ruine les banques et cartels intéressés.

En argent, le montant total du commerce spécial d’importation allemand étant de 13, 3 milliards de francs, la part du colon brut, manufacturé et confectionné, montait a plus d’un milliard ; à l’exportation, le chiffre correspondant atteignait 805 millions sur 12,6 milliards. En Autriche-Hongrie, le coton représente également 11,9 pour 100 du commerce d’importation et 7 pour 100 du commerce d’exportation.

Pour l’Allemagne seule, faute de coton allié, 11 millions de broches de filatures, 236 000 métiers à tisser, toutes les usines de blanchiment, de teinture, d’impression, toutes les fabriques auxquelles ces produits de coton servent de matières premières se trouveront dans une situation désastreuse. Ce sera l’état actuel de guerre empiré et rendu encore plus douloureux par le contraste avec la situation des nations voisines. Or, cet état de guerre apparaît, actuellement, en dépit de l’optimisme officiel, comme lamentable. L’industrie textile allemande a été pratiquement arrêtée par la guerre en dehors des fabrications d’armée. La plupart des grandes entreprises textiles n’ont eu d’autre ressource que de se transformer peu à peu en fabrications militaires. Le régime des allocations et l’emploi fructueux de tous les chômeurs dans l’industrie de guerre masquent seuls un état de choses qui deviendra grave en restant durable.

Pour montrer dans quelle mesure notre programme peut être réalisé, voyons d’où venaient avant la guerre (1913) les 470 000 tonnes de colon importées en Allemagne. Il en provenait 370 000 tonnes des États-Unis, 97 000 tonnes des possessions anglaises (Indes et Égypte). En 1913, l’Afrique Orientale allemande comptait seulement pour 1 300 tonnes, la Turquie pour 1 900 et les Indes néerlandaises pour 1900. L’Allemagne