Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indirectement comme importateurs de matières premières destinées à être élaborées, puisque le charbon constitue le grand fret de retour à destination des pays qui pourraient nous les fournir. Il faut tenir compte de ces circonstances, auxquelles nous ne pouvons rien et nous y adapter pour remplacer la quantité par la qualité.

L’ « entente verticale » dont il nous reste à dire quelques mots peut s’appliquer dans des conditions beaucoup plus restreintes et plus localisées que l’ « entente horizontale, » examinée jusqu’ici ; elle se rattache déjà à l’organisation individuelle des usines, à laquelle nous allons consacrer le reste de notre étude. Au lieu d’envisager l’association de toutes les usines fabriquant le même produit, on considère maintenant la centralisation dans les mêmes mains de tout un ensemble de fabrications ayant pour but de constituer un état indépendant. De tels états peuvent, d’ailleurs, à leur tour, s’associer entre eux et reconstituer une entente horizontale. C’est la solution de la « mine-usine, » poussée à son terme extrême en Allemagne par Thyssen. Celui-ci voulait qu’une grande société put se fournir à elle-même toutes ses matières premières et les conduire jusqu’aux articles manufacturés. On aurait ainsi, dans les mêmes mains, houillères, fours à coke, mines de fer, hauts fourneaux, aciéries, laminoirs, ateliers de construction, de manière à devenir totalement indépendant des fluctuations que peuvent présenter les prix du coke et des rainerais sur le marché extérieur, à grouper les installations et à économiser du personnel technique et comptable. La guerre a beaucoup accentué en France cette tendance allemande à la mine-usine : chaque usine ayant, devant la crise du transport et les restrictions, reconnu l’avantage de posséder charbon, force et minerais.

C’est une idée du même genre qui conduit une fabrique de produits chimiques à associer des mines de pyrite avec des carrières de phosphates, des usines à superphosphates, des soudières, des glaceries, etc. L’idée a ses avantages ; en revanche, elle entraîne une dispersion de capitaux et d’activité directrice, qui n’est pas sans inconvénient.

Sans aboutir à cette unification absolue, on peut réaliser le même but en se bornant à associer les industries laissées indépendantes dont les objets se complètent : par exemple, charbonnages, fonderie et aciérie, tréfileries, usines de construction,