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chantiers maritimes, compagnies de batellerie et de navigation, maisons de commission à l’étranger.


II

Laissant maintenant de côté ces questions générales dont la solution exige de vastes ententes et parfois même des interventions législatives, nous aborderons le domaine plus restreint, plus simple, plus concret, des économies que chacun peut individuellement réaliser dans sa propre usine. Ces économies porteront sur les frais généraux, sur les matières premières, sur les énergies utilisées, sur la main-d’œuvre, et comprendront notamment : pour les frais généraux, la spécialisation, le travail en séries et par types uniformes (standardisation) ; pour les matières premières, le choix rationnel des substances les plus-avantageuses et la récupération des déchets ; pour la dépense d’énergie, l’emploi rationnel des combustibles, l’utilisation complète des chaleurs perdues, la manutention continue, l’adaptation de forces nouvelles, la bonne distribution des machines et des réparations ; pour la main-d’œuvre, le mécanisme et la détermination du rythme qui diminue l’effort (taylorisation).

Nous venons là de tracer les têtes de chapitres de tout un livre, dont nous ne pourrons donner, en ce moment, qu’un aperçu très sommaire, nous proposant seulement de revenir dans nos articles ultérieurs sur certains points, tels que la distribution des forces et la systématisation de la main-d’œuvre. Dans l’ensemble, le besoin de développer les économies de toutes natures est aujourd’hui si bien compris que certaines sociétés industrielles ont pris le parti d’instituer un service central, dit des « économies, » dont les résultats se sont fait immédiatement sentir dans des proportions presque inattendues. Il suffit, en effet, d’avoir quelque idée de l’usine moderne pour être frappé, quand on visite des installations archaïques, par des gaspillages de tous genres : des matériaux que l’on remonte à la pelle, au lieu de les faire descendre par la gravité ; des foyers de chaudières sans chargement mécanique ; des cheminées dégageant des fumées noires ; des chaudières d’où la vapeur s’échappe, en tourbillons ; des gaz brûlants versés dans l’air ; des parois incandescentes ; des ouvriers inoccupés