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moyen d’un chemin de fer, ce n’est pas tout à fait une nouveauté. Peu de temps après l’occupation d’Anvers et de Zeebrugge, les Allemands amenaient de cette manière dans leur nouvelle base d’opérations navale de la côte de Flandre des sous-marins entiers qu’ils installaient sur des trucs à boggies d’une construction spéciale. Ils ne séparaient par tranches que les unités de plongée destinées à passer d’Allemagne en Autriche, de Kiel à Pola, parce que les rampes et les lacets dans les Alpes ne permettaient pas de telles licences.

Il n’y aurait pas eu de courbes intransigeantes dans le tracé de la voie que je proposais ici même, en mai 1915, d’établir dans l’isthme de Gallipoli pour faire passer les sous-marins et navires légers de surface du golfe de Saros dans la mer de Marmara. Cette solution d’un problème que de trop rares sous-marins réussirent à résoudre en passant sous les filets de Tchanak-Nagara, aurait peut-être changé bien des choses, d’autant mieux que l’occupation de l’isthme eût donné à l’armée expéditionnaire de grandes chances de succès. Mais nous avons trop souvent dans cette longue guerre hésité a adopter en temps utile des idées neuves et hardies.

Quoi qu’il en soit, convenons qu’en laissant les Allemands s’installer ainsi sur le Ladoga et y dominer la jonction du chemin de fer de Kola avec la grande voie Viatka-Vologda-Petrograd, le gouvernement maximaliste donne à nos adversaires une aide positive, autant qu’en essayant de former une armée plus solide que celle des « gardes rouges » dont Trotsky se plaint amèrement, affirme le Lokal Anzeiger, et qu’il prétend remplacer au pied levé par des troupes instruites par des sous-officiers allemands, — ce qui est, remarquons-le, l’amorce du renforcement des armées des empires centraux par le « matériel humain » fourni par la Russie.


Dernière question : quels étaient, quels sont encore les buts militaires immédiats visés par nos ennemis dans leur tentative d’occupation des fjords de la côte mourmane ?

J’en vois au moins trois.

Le premier, le plus immédiat, est de tourner par l’Arctique le grand barrage de mines que l’amirauté anglaise a fait disposer, ce printemps, au Nord de la mer du Nord.

Il est vrai que si ce barrage a paru, en mai et juin, retenir