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telles questions. Si j’avais cet avantage, j’aurais en même temps le regret de ne le pouvoir partager avec les lecteurs de cette Revue : je ne puis donc que hasarder quelques conjectures, risquer quelques recommandations.

Faut-il, au nombre des conjectures plausibles, ranger celle de la reconnaissance officielle de ce que j’ai appelé depuis bien longtemps le front Nord ? Je ne me borne plus à le souhaiter : je l’espère. C’était d’ailleurs inévitable, d’une manière ou d’une autre, — il y en a une autre, en effet, dont je ne dirai rien ici pour le moment. C’était inévitable, dis-je, et c’est arrivé.

A la vérité, il est bien particulier, le front Nord actuel, bien lointain, fort incommode, avec cela ; enfin ce n’est, après tout, qu’une partie, qu’un secteur du vrai front Nord et le secteur où les opérations, quels qu’en soient l’étendue et le caractère, seront le moins immédiatement décisives. Ne nous plaignons pas, cependant. Il y a commencement à tout.

Jo viens d’écrire : l’étendue et le caractère. Gros problèmes que ceux-là. J’ignore avec quelles forces, — on parle dans les journaux de plusieurs divisions, mais ces mois sont assez élastiques, — débute la nouvelle entreprise des Alliés. En somme, s’il ne s’agissait que d’interdire aux Gerrnano-Finlandais l’accès des débouchés qui pourraient être vraiment utiles aux submersibles allemands, il ne faudrait que des effectifs assez restreints, appuyés sur une force navale qui a été renforcée sensiblement depuis quelques semaines et dont la base de Mourmansk semble bien pourvue.

Ce serait tout autre chose si l’expédition avait, comme celle qui se prépare, assure-t-on, pour la reconstitution d’un front oriental, « un caractère politique autant que militaire. » Mais encore un coup, il serait prématuré de traiter cette question, épineuse à tant de titres. Laissons-la donc…

Ce que l’on peut dire, je crois, en se plaçant de préférence au point de vue militaire, c’est qu’il ne convient pas que « la force » employée, quelle qu’elle soit, se disperse et affaiblisse son action en l’étendant outre mesure.

Un premier écueil serait de comprendre une trop grande étendue de côte et une aire trop vaste sous le vocable adopté de côte mourmane. Beaucoup de personnes paraissent croire qu’Arkhangelsk y est compris. C’est inexact au point de vue purement géographique et ce serait fâcheux au point de vue