Marseillaise, Rouget de Lisle, faillit lui-même être la proie de l’échafaud, malgré son éclatant patriotisme. Accusé d’incivisme par des scélérats qui se disaient les défenseurs de la République, il allait être écroué, le 17 nivôse, sur un ordre d’arrestation signé par Robespierre, Carnot et autres membres du Comité de Salut public. Sans le 9 thermidor qui délivra la France d’un tyran auquel des sectaires voudraient aujourd’hui encore élever une statue et même des autels, sans cette journée souverainement juste et libératrice, il eût subi, lui aussi, le sort de Dietrich et de Luckner. Qui aurait pu croire, en avril 1792, que ce que le poète chantait deviendrait un chant de mort contre des Français ? Au 10 Août, la Marseillaise avait servi pour la première fois de clairon à l’insurrection, accompagnant le sac des Tuileries et la chute de la royauté… Que de fois depuis n’a-t-elle pas retenti d’une façon sinistre dans nos émeutes, effrayant aussi bien l’Europe que la France elle-même !… Aujourd’hui, ce chaut est redevenu heureusement l’hymne enthousiaste de nos soldats, exaltant le courage de légions innombrables et frappant d’un juste effroi les ennemis de notre patrie. Il est tel à présent que l’avaient voulu Rouget de Lisle et Dietrich. La mémoire du premier maire de Strasbourg y demeurera attachée et rappellera ! e patriotisme sincère, la droiture et le dévouement de celui qui, faussement mis en accusation, a préféré se fier à ses pires adversaires dans la certitude de justifier sa conduite. Son dernier cri : « Ah ! Que je sois leur dernière victime et ma mort sera un bienfait ! » hélas ! ne fut pas exaucé. Que d’innocents lui succédèrent encore sur la place de la Révolution et sur la place du Trône renversé !
Louise de Dietrich survécut à son mari et eut encore la douleur de perdre son troisième fils, un jeune enfant. Le père de Frédéric de Dietrich sortit de prison après le 9 Thermidor, et survécut deux années à son noble fils. Il adressa, le 15 mars 1794, une pétition à la Convention pour obtenir la levée du séquestre mis sur ses biens comme père d’émigré et tenta vainement de multiples démarches pour prouver que son fils n’avait jamais pris part à l’émigration. A sa mort survenue le 31 décembre 1794, son petit-fils Frédéric reprit la requête et demanda au Comité de législation de surseoir à toute vente des biens et immeubles jusqu’à ce qu’on eût élucidé le procès de son père. Le 5