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peut-être de faire durer la guerre suivante des années de moins. Parfois, il y aurait même avantage à profiter du régime de guerre où la notion de milliard apparaît sous un jour différent, pour effectuer certains travaux d’intérêt durable et immédiatement utiles à la marche des opérations.

Ainsi, l’histoire de nos ports, de nos gares et de certaines voies ferrées à trafic intense, a été, jusqu’ici, une course constante entre les besoins et l’outillage, celui-ci restant toujours en retard. Il y avait, avant la guerre, quelque chose d’affligeant à sortir de France pour visiter le port de Hambourg ou la gare de Cologne, indépendamment de tout avantage commercial, les sommes que nos ennemis avaient su dépenser ainsi ont été amplement rémunérées par des économies et des facilités pour les transports de guerre. Nous avons constaté les défauts de notre organisation et de notre matériel. Le moment est venu d’y remédier en vue de la vie économique plus intense, sans laquelle nous étoufferons vite sous le poids de nos dettes. C’est dans cet ordre d’idées que nous allons examiner rapidement nos divers systèmes de transport, sinon pour résoudre les problèmes, du moins pour indiquer comment ils sont posés.

Les résoudre, nous ne saurions y songer. Ils sont trop nombreux, trop délicats, trop compliqués d’intérêts contradictoires et de polémiques, trop dominés par les questions financières. Chacun d’eux demanderait une étude spéciale et approfondie ; car on est amené à envisager beaucoup plutôt des cas d’espèce que des principes généraux, lorsqu’on prétend choisir entre deux agrandissements de ports, entre deux constructions de voies ferrées, entre deux emplacements de barrage, entre un chemin de fer et un canal, etc… Quant à l’ampleur du sujet, on s’en rendra compte par la simple énumération des subdivisions qu’il nous impose : 1° Navigation maritime ; 2° Ports de commerce ; 3° Chemins de fer ; 4° Navigation intérieure ; 5° Routes.


NAVIGATION MARITIME

La question de la navigation maritime, par laquelle je dois logiquement commencer, est déjà bien connue de nos lecteurs, grâce aux belles études du regretté J. Charles-Roux[1]. Je puis

  1. Voyez la Revue des 1er avril, 15 mai et 1er juillet 1917.