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donc me borner à des observations sommaires, que l’extrême gravité du problème rend néanmoins nécessaires. Notre ravitaillement en matières premières va comporter, avant tout, des transports par mer. Une fois la machine pacifique mise en marche, nous continuerons à dépendre de la mer, plus encore que nous ne le faisions autrefois : par le développement espéré de nos exportations et de notre domaine colonial ; et aussi parce que nous serons sans doute amenés à prendre chez nos alliés quelques-unes des substances ou des marchandises que nous achetions à l’Allemagne. Ce domaine maritime est celui où nous rencontrerons les difficultés les plus aiguës, les compétitions les plus ardentes. La guerre sous-marine et la hausse du fret ont vulgarisé le problème ; mais, en dehors des destructions, il faut compter sur l’usure provoquée par un service intensif dans les bâtiments ayant échappé aux torpillages.

Les effets de la guerre sous-marine sont officiellement les suivants, d’après des chiffres fournis en mars 1918 par Sir Eric Geddes, premier Lord de l’Amirauté britannique :

Avant la guerre, le tonnage mondial, non compris les Centraux, était estimé à 43,8 millions de tonnes (50 millions au total), avec une production moyenne annuelle de 3 millions qui équilibrait surtout l’usure normale. Au 1er janvier 1918, les pertes par sous-marins des marines alliées atteignaient 11 800 000 tonnes, dont 7,5 millions pour la seule année 1917 de guerre intensive. En revanche, la production avait été de 6 600 000 : soit un déficit de 5 200 000. Quand on fait le calcul de nos ressources, il faut ajouter aux constructions des Alliés, la flotte récupérée sur les Allemands, et le déficit final se réduit alors à 2 600 000 tonnes. Mais, si nous envisageons les ressources mondiales à la paix, il ne peut plus en être de même.

Pour l’ensemble des marines alliées ou neutres, les pertes totales atteignaient à la même époque 8 pour 100 du tonnage global. Les dommages mensuels, après avoir dépassé un moment 875 000 tonnes dans le mois d’avril 1917, sont descendus, dès 1917, au-dessous de 400 000 tonnes : soit 1 200 000 pour le quatrième trimestre 1917, pendant lequel il a été construit au total 932 000 tonnes dans l’ensemble des pays neutres et alliés : déficit 268 000 tonnes. Depuis cette date, la situation s’est améliorée et la courbe des constructions a fini par dépasser la courbe des pertes, tandis que les destructions de sous-marins