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et l’Allemagne du Sud. Mais il faut bien se dire que, dans le sens du Nord, les voies d’accès fluviales ne permettent pas la concurrence et, dans celui du Sud-Est, Gènes est désormais plus avantageusement située que Marseille, depuis que les tunnels ont supprimé les Alpes. Restent donc, pour les marchandises, le commerce avec l’Amérique par Bordeaux, la Pallice ou Nantes, qui nécessiterait une traversée plus facile de la France ; le commerce tout indiqué avec notre Empire Africain, qui est un prolongement naturel et direct de la France et, enfin, les voyageurs, pour lesquels l’économie des jours de mer devient un avantage notable. Nos ports français peuvent remplir un rôle important comme escales île transatlantiques ; nos ports algériens, comme escales et dépôts de charbon dans le sens de l’Extrême-Orient.

Pour les moyens d’exécution, je crois que la grande majorité des intéressés, sinon des hommes politiques, nous apporte les conclusions suivantes, destinées à faire passer les ports du régime administratif au régime industriel.

D’abord, il faut libérer nos anciens ports de l’Etatisme et leur donner l’autonomie, avec subvention de l’Etat. C’est le meilleur moyen de réaliser rapidement de grosses dépenses, au moyen d’emprunts affectés à un but déterminé, comme ceux que contractent les Compagnies de chemins de fer : les crédits annuels ne servant plus qu’à gager des annuités de remboursement et à servir des intérêts. Partout où on a donné l’autonomie à un établissement d’Etat, on a vu immédiatement les dépenses se réduire et les ressources apparaître. En même temps, on assure ainsi à chaque port une direction unique qui a manqué jusqu’ici. L’expérience a été suffisamment faite à l’étranger pour nous servir. Les nouveaux ports pourraient être également exploités par une Compagnie concessionnaire (avec ou sans garantie d’intérêts) partageant, dans une proportion à débattre, ses bénéfices avec l’Etat. Le recours à des Compagnies spéciales ou aux Chambres de Commerce sera d’autant plus indiqué après la guerre que l’Etat aura, de son côté, largement besoin de recourir au crédit.

Le changement de mentalité, qui résulterait de l’autonomie ou de la concession, faciliterait, en même temps, dans l’ordre technique, le passage des constructions séculaires, toujours démodées au moment où on vient de les achever, à des