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que l’on désire sur nos chemins de fer français sont entièrement subordonnés à la question financière, que nous laissons de côté ici. Disons seulement qu’il s’agit d’emprunter de grosses sommes ; et, comme le budget de l’Etat va déjà se trouver grevé, dans des proportions démesurées, par le service de la dette publique, il y aurait avantage à faire intervenir le crédit supplémentaire des Compagnies. On se trouve en présence de difficultés inextricables tenant à la faible durée des concessions et à la pénible situation financière dans laquelle, si l’on excepte peut-être le P.-L.-M. nos Compagnies vont toutes se trouver par le fait de la guerre.

Notre régime des chemins de fer ressemble à une association sur le point de finir, où les deux associés, n’envisageant plus que leurs intérêts contradictoires, s’entretiendraient de leurs affaires communes à coups de papier timbré. Quand l’Etat exploite lui-même, c’est un industriel négligent et criblé de dettes, qui songe d’abord à se faire élire député par son personnel. Si l’on ne veut, ni continuer, en l’accentuant, l’expérience fâcheuse du réseau d’Etat, ni amener les Compagnies à un état de régie désintéressée, on sera, sous une forme quelconque, amené à négocier des conventions nouvelles. Cette solution paraît difficile à appliquer tant qu’on ne possède aucune notion un peu précise sur les conditions économiques et financières de l’après-guerre. Il faut, en outre, prévoir les obstacles parlementaires. Les deux seules opérations d’ensemble qui ont été exécutées depuis longtemps pour nos voies ferrées, le programme de Freycinet et les conventions de 1883, ont attiré à leurs auteurs des critiques aussi peu justifiées que décourageantes pour ceux qui voudraient recommencer une œuvre semblable. M. Colson, dont on connaît la compétence en ces matières, n’a trouvé comme remède qu’un rachat fictif, ou du moins momentané, avec reconstitution nouvelle des Compagnies et création d’une caisse commune de compensation pour permettre d’égaliser sur tout le territoire les relèvements de tarifs. On peut donc se demander si, en fait, nous ne sommes pas destinés à garder longtemps, pour nos chemins de fer, le régime défectueux que nous avons dû subir jusqu’ici et s’il ne convient pas de reporter une partie de son effort vers d’autres solutions des transports, telles que la navigation fluviale.

Bornons-nous également à mentionner les projets de