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remaniement et de fusion qui ont été proposés pour les diverses Compagnies. Sauf certains échanges de lignes à prévoir, notamment pour la ligne de l’Orléans entre Paris et Nantes, le morcellement actuel paraît avoir plus d’avantages que d’inconvénients et doit, suivant le cours habituel des choses, bénéficier d’une situation anciennement acquise.


NAVIGATION INTÉRIEURE

Le développement de notre navigation intérieure a ses adversaires convaincus et ses enthousiastes. Sans entrer dans les discussions passionnées auxquelles cette question a donné lieu depuis 1833, nous croyons utile de l’étudier avec, quelques développements. Souvent on envisage les transports fluviaux comme une concurrence aux voies ferrées, sinon comme un moyen dépression sur les Compagnies de chemins de fer. Celles-ci se défendent en entretenant un état d’esprit hostile, ou du moins indifférent, en raison duquel il semble admis que, sauf sur les grands fleuves, l’organisation du transport est plus avantageuse par rail que par eau. D’autre part, les bénéfices de nos canaux sont localisés dans leurs effets directs, et il faut quelque attention pour apercevoir les répercussions que peut entraîner, sur toute la vie économique du pays, le transport moins coûteux de matières pesantes, comme la houille, les minerais, le fer, le blé, les bois, etc. Les dépenses, en raison d’un mauvais outillage mécanique, y sont exagérées. Enfin, par l’effet de notre régime légal, la navigation intérieure n’est apparue, jusqu’ici, au budget que comme un chapitre de dépenses générales, puisque la jouissance des voies navigables est presque toujours gratuite[1], alors que les chemins de fer, jusqu’au moment où les garanties d’intérêt ont pris les proportions actuelles, pouvaient être considérés comme destinés à devenir prochainement une source de revenus très fructueux. Mais la question devrait, ce me semble, être posée autrement.

Il est clair que la prospérité industrielle de l’Allemagne a été facilitée par son système si complet de navigation fluviale, qui a, en particulier, contribué au développement de Hambourg par l’arrière-pays que ce port se trouve desservir et enrichi

  1. Sauf dans les très rares canaux concédés.