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des navires marchands rendent de moins en moins pratique l’existence de ports maritimes très avancés dans les terres.

Le problème de la Loire est délicat et peu avancé dans son étude. Par suite de son irrégularité et de ses sables, le (louve se présente actuellement, sur 800 kilomètres de long, comme une solitude. Deux projets principaux ont été mis en avant : utilisation de la Loire elle-même, ou canal latéral de Nantes à Orléans sur 300 kilomètres. Mais le bassin fluvial produit peu de matières pondéreuses susceptibles d’alimenter le trafic, sauf en aval d’Angers (Montjean), où l’on aurait les minerais de fer et les ardoises, avec l’appoint régulateur de la Maine qui rend la correction de la Loire plus facile. On a également parlé d’établir un canal de Caen à la Loire et un autre de la Loire à la Garonne.

Le Rhône, si on pouvait corriger son cours torrentueux et ses rapides, serait tout indiqué pour servir de communication entre la Méditerranée, les bassins houillers du Gard et de Saint-Étienne, Lyon et la Suisse. D’où les grands projets Genève-Lyon-Marseille, qui ont déjà fait couler tant d’encre. Le fleuve représente, en outre, une force hydraulique, dont je ne veux pas envisager ici le côté industriel, mais qui peut contribuer à faciliter les transports eux-mêmes, soit sur la voie d’eau à la remontée, soit sur les voies ferrées, affluentes ou parallèles. Toujours en supposant un remède apporté à ses difficultés de navigation, on pourrait ambitionner pour lui un rôle comparable à celui du Rhin, où la navigation n’est pas non plus bien facile. En ce qui concerne l’accès à la mer, nous avons déjà vu comment l’étang de Berre mieux utilisé peut faire de Marseille le port du Rhône, l’équivalent de ce qu’est Rotterdam pour le Rhin. Depuis la guerre, le fleuve, qui avait été presque complètement déserté, a repris une partie de son activité ancienne. Malheureusement, le Rhône a un grave défaut : c’est sa vitesse.

Pour la navigabilité, on peut distinguer le Haut-Rhône en amont de Lyon et le Bas-Rhône en aval. Le Haut-Rhône a un débit médiocre et une allure rapide, qui y paralyse à peu près la navigation, quoiqu’il ait existé autrefois un service de Lyon à Aix-les-Bains. En aval de Génissiat, le fleuve peut, à la rigueur, être considéré comme navigable. Mais, au Nord, se trouvent les rapides et gouffres fameux de Bellegarde. Un projet, qui a suscité les controverses les plus vives et auquel le Conseil municipal de Paris a donné son assentiment, propose d’établir,