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à Génissiat, un barrage de 69 mètres de haut, développant, jusqu’à la frontière suisse, un lac de 35 hectares sur 23 kilomètres de long, avec échelle de cinq écluses successives permettant aux chalands de 400 tonnes de franchir l’obstacle. Un crédit de 200 millions a été prévu à cet effet. Un autre projet voulait établir deux barrages, l’un de 45 mètres, l’autre de 25 mètres, à Malpertuis et à Bellegarde. Dans les deux cas, on capterait 200 000 chevaux en eaux moyennes et on transporterait une grande partie de cette force à Paris.

La Suisse, d’autre part, se préoccupe d’ouvrir un canal de grande navigation du Rhône au Rhin par les lacs de Neuchâtel et de Brienne, établissant ainsi une communication continue de la Méditerranée à la mer du Nord, mais créant surtout une concurrence allemande aux projets français.

L’aménagement du Bas-Rhône apparaît beaucoup plus immédiatement pratique. Si l’on anticipe sur le moment où le canal de Marseille au Rhône par le tunnel de Rove sera achevé, l’obstacle le plus grave que comportera encore le Bas-Rhône sera dans les rapides situés entre la Roche-de-Glun et Pont-Saint-Esprit. Je ne parle pas du projet, un peu trop ambitieux, qui consisterait à creuser, sur toute la longueur du Rhône, de Lyon à Arles, un canal latéral dont la dépense dépasserait un milliard. Mais un projet, bien plus applicable, consisterait à améliorer le Rhône entre Valence et Pont-Saint-Esprit, au moyen de courtes dérivations éclusées contournant les rapides. En creusant ainsi 34 kilomètres, on ramènerait la pente moyenne kilométrique de la partie améliorée à peu près à celle du Rhin à Strasbourg (68 cm). Avec des devis de 64 millions (aux prix d’avant-guerre), le fret d’Arles à Lyon tomberait (moyenne de la descente et de la remontée) à 1 centime par tonne kilométrique, au lieu de 2 centimes et demi actuellement. Des ports importants pourraient être établis : à Beaucaire, en relation avec les canaux du Midi, pour les vins du Languedoc ; à Avignon, » pour les houillères du Gard et l’industrie vauclusienne. La force hydraulique que représente cette partie du Rhône apparaît considérable si on se borne à faire le calcul, environ 500 000 chevaux, mais difficilement utilisable en concurrence avec les forces plus avantageuses des Alpes, par suite de tous les frais d’installation qu’elle entraînerait.

La création en France d’un réseau pour péniches de