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ravitaillement en munitions. Il dispose d’un élément de liaison (téléphonistes, signaleurs, coureurs). Des officiers et sous-officiers en surnombre suivent, à la disposition du chef de bataillon, pour combler les vides. Les équipes de mitrailleurs sont en double pour le même objet. Ainsi organisé, le bataillon d’infanterie peut, grâce à ses seules ressources, progresser aussi loin que possible dans une indépendance relative.

L’instruction donnée à ces fantassins portait principalement sur l’emploi combiné des diverses spécialités du bataillon et l’étroite collaboration des engins de combat en vue de la réduction des nids de résistance. Le bataillon a appris, en outre, à utiliser les couverts, à s’infiltrer par petits paquets en contournant les obstacles, à faire preuve d’initiative et d’audace. De là, le rôle éminent dévolu aux chefs subalternes. L’infanterie connaît l’art de coller au barrage d’artillerie et de faire irruption à sa suite dans les positions ennemies. C’est la condition essentielle pour que l’assaut réussisse. L’infanterie, en terrain libre, marche sous la protection de ses mitrailleuses qui pratiquent le barrage en tir indirect. Elle compte sur ses propres moyens pour surmonter les difficultés. L’attaque doit continuer de manière ininterrompue, en engageant le plus tard possible les éléments de soutien qui ne doivent, en principe, être employés que là où le succès a été déjà obtenu, pour l’élargir et l’exploiter.

Ces principes appliqués au bataillon, unité de combat, inspirent toutes les formations, quelle que soit leur ampleur. Régiments ou divisions pratiquent l’échelonnement en- profondeur, la collaboration étroite des diverses armes, l’entrée en jeu bien comprise et continue des réserves. L’artillerie de campagne, les minenwerfer avancent comme l’infanterie et sont prêts à apporter leur concours sur ordre ou de leur propre initiative. Le service des liaisons fonctionne sans arrêt, ayant pour tâche d’assurer partout l’unité de vues et de direction. C’est cette liaison constante des éléments de l’attaque entre eux qui, — nous l’avons vu, — vivifie l’organisme, en fait une machine redoutable capable de s’adapter à toutes les situations.


LE PREMIER ACTE. — L’ATTAQUE DU 21 MAI

L’attaque s’était produite sur 80 kilomètres entre l’Oise (région de la Fère) et la Sensée (région de Croisilles).