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que, pour une population donnée, il mourait de tuberculose, en 1913, 21 Français, il ne mourait que 13 Anglais. Mais il est une autre constatation, peut-être encore plus navrante que la précédente et qui se dégage des chiffres cités : c’est que, tandis que la mortalité tuberculeuse a aux États-Unis et en Angleterre une marche rapidement et constamment décroissante, elle reste, — ou du moins est restée, — à peu près stationnaire en France, ce qui ne peut que faire croître indéfiniment l’écart funeste existant ainsi entre notre pays et ceux-là.

Voici maintenant d’autres chiffres statistiques non moins suggestifs à d’autres égards, car ils vont nous mettre, si j’ose dire, le doigt sur la plaie, et nous faire saisir immédiatement et en quelque sorte a priori, les causes principales de la propagation de la tuberculose, et par conséquent les remèdes correspondants.

La répartition des décès par tuberculose entre les villes et les campagnes montre que, dans tous les pays considérés, ils sont beaucoup plus nombreux, proportionnellement dans celles-là que dans celles-ci. Ainsi, en 1913, tandis que pour 10 000 habitants la mortalité tuberculeuse était de 1, 52 pour l’ensemble des campagnes françaises, elle était de 3, 10 (plus du double) pour l’ensemble des villes et de 3, 79 pour Paris (contre 1, 92, c’est-à-dire la moitié seulement à New-York). Si on considère que, avec ses hautes maisons, l’agglomération de New-York est beaucoup plus resserrée et confinée que celle de Paris, la différence paraîtra plus frappante encore. Pareillement, si on considère que les agglomérations urbaines sont proportionnellement beaucoup plus développées en Angleterre et aux États-Unis qu’en France où la vie est surtout rurale, les différences que nous avons constatées entre elle et ces pays sont encore bien plus significatives. En vérité, dans des conditions comparables, toutes choses égales d’ailleurs, comme disent les mathématiciens, ce n’est pas deux fois, c’est trois, peut-être quatre fois moins de gens qui meurent de tuberculose dans ces pays.

Les causes de cette situation ? Les moyens d’y remédier ? Les, uns et les autres sont clairs ainsi que nous allons voir ; ainsi c’est sans hésitation, avec la sécurité et l’assurance que les résultats obtenus chez eux leur donnent, que nos amis Américains ont commencé chez nous leur vigoureuse offensive contre le fléau qu’ils appellent pittoresquement « la grande peste blanche. »