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diphtérie), dont le microbe suffit à provoquer la maladie, quel que soit le terrain. La tuberculose est surtout une question de terrain, et on lui ménage un terrain défavorable par l’hygiène, le grand air et le soleil qui tuent les microbes, par une nourriture convenable, par une vie saine et régulière, par un logement sain et aéré. La meilleure preuve en est donnée par la différence de la mortalité tuberculeuse dans les villes et les campagnes.

Les habitudes de vie et d’hygiène qui empêchent de contracter la tuberculose servent également à la guérir à ses débuts qui sont amenés généralement par un rhume, une toux négligée qui fait une brèche dans l’organisme résistant. Le microbe se propage en effet surtout par les voies respiratoires. La tuberculose n’est pas contagieuse par l’air que respire un malade, mais par sa salive et ses crachats. Elle n’est pas héréditaire.

De là résultent une série de règles pratiques d’hygiène que l’espace me manque pour développer ici, et que nos lecteurs connaissent d’ailleurs, car c’est malheureusement surtout dans les classes populaires qu’elles sont ignorées.

Par conséquent, à l’heure actuelle, la première chose et la plus vraiment essentielle dans la lutte contre la tuberculose, est la diffusion des notions qui permettent au peuple de l’éviter et de la guérir lors des premières atteintes du mal. Les Américains ont compris que l’acte primordial de cette lutte est une propagande, un enseignement, une publicité, si j’ose employer cette expression ultra-moderne, où ils sont passés maîtres.

Ils ont donc entrepris chez eux de pourchasser ainsi la grande mangeuse d’hommes, par un enseignement du peuple parfaitement organisé qu’accompagnaient des leçons de choses, par tout un système de conférences et d’affiches, par des dispensaires fixes ou mobiles où l’on conseille les bien portants, où l’on dépiste et soigne les tuberculeux naissants sans changer leurs habitudes ; on y sélectionne aussi les tuberculeux avancés pour les diriger sur les sanatoria où ils guériront, ou bien sur les hôpitaux spéciaux où leurs derniers jours seront adoucis, s’ils sont condamnés.

Ce qu’a donné, ce que peut donner cette éducation hygiéno-diététique du public, la décroissance rapide de la mortalité tuberculeuse aux États-Unis le prouve surabondamment.

Ces progrès qui ont économisé chez eux tant de vies humaines, nos amis, dans le temps même qu’ils venaient mêler dans les batailles leur sang fraternel au nôtre, ont voulu que nous les connussions