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la « défaite de Verdun, » et que Reims payait l’insuccès de Douaumont. Les Français savent parfaitement que le bombardement de Reims n’est que la réplique aux bombardements par l’artillerie française de nombreuses villes et localités habitées, derrière le front allemand… Si les Français sont d’avis que la cathédrale de Reims représente un patrimoine précieux de l’humanité entière, alors ils commirent un grand forfait en utilisant, au début de la guerre, cette cathédrale pour des buts militaires… Il est un fait que, depuis qu’elle ne sert plus de poste d’observation, la cathédrale n’a plus été bombardée par les Allemands.


La doctrine est fixée et ne variera plus… Seulement, à l’époque même où la Gazette, annonçait que les Allemands ne bombardaient plus la cathédrale, celle-ci recevait, en deux jours, neuf obus de gros calibre.


LA QUESTION DES PRISONNIERS DE GUERRE

Ici une démonstration plus difficile encore et plus insolente : il s’agit de faire croire au monde qu’en France les camps de prisonniers sont un enfer, et que nos soldats tombés aux mains de l’ennemi mènent dans les camps allemands une vie charmante, exempte de soucis. Une « Chronique » de la Gazette des Ardennes (8 juillet 1915) reproduit des extraits de prétendues lettres de prisonniers français à leurs parents, fabriquées visiblement à Charleville, et où la mauvaise psychologie teutonne n’attribue aux soldats de chez nous qu’un seul souci : celui de la mangeaille qui anime précisément l’homme de la horde :


Nous avons tombé (dit un premier prisonnier fictif) dans une maison où il n’y a que des jeunes gens et qui vous considèrent très bien, aussi nous faisons tout notre possible pour leur être agréable. Nous mangeons à leur table et cinq fois par jour. On travaille avec courage et on est heureux.


Autre lettre, mais qui semble être, de la part d’un rédacteur sans imagination, une répétition littérale de la précédente :


Nous sommes nourris comme les patrons et on fait cinq repas par jour. C’est une vie heureuse que d’être ici.


Troisième lettre ; troisième répétition :