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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/153

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LE
CAMOUFLAGE DÉMOCRATIQUE
DE L’ALLEMAGNE

On nous donne en Allemagne la comédie de la « démocratisation. » Guillaume II et le parti conservateur se rendent compte de la nécessité absolue d’accorder des satisfactions, au moins apparentes, à l’opinion publique, tant dans leur propre pays que dans les pays ennemis.

Je l’écrivais, il y a déjà deux ans : les Allemands ont, au point de vue diplomatique, préparé toutes leurs lignes de repli, comme l’Etat-major général de leur armée a organisé les siennes au point de vue militaire. En cas de succès complet, la ligne Westarp, c’est-à-dire le plan des grandes annexions prévues par la ligue pangermaniste ; en cas de demi-succès, la ligne de Wedel, annexions à l’Est et dépendance économique de la Belgique à l’Ouest ; en cas de partie nulle, la ligne Naumann, simple réalisation du plan de l’Europe centrale ; en cas de demi-échec, la ligne Erzberger-Scheidemann, ni annexions ni indemnités ; enfin, en cas de défaite, mais de défaite arrêtée avant l’exploitation complète par les Alliés de leur action victorieuse, la ligne Haase, démocratisation des institutions de l’Empire et de la Prusse.

Nous avons assisté, au cours des derniers mois, à l’occupation et à l’abandon successifs de toutes ces lignes, suivant les fluctuations de la situation militaire. Le vote de la résolution de paix par le Reichstag, le 17 juillet 1917, marquait le fléchissement initial de l’opinion publique allemande, quand l’Autriche épuisée manifesta pour la première fois son désir d’en finir à tout prix. Après la signature de la paix de Brest-Litowsk et du