Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la Liberté. »

C’est, à coup sûr, cette idée généreuse de la solidarité et de la fraternité humaines, non moins que le service rendu aux treize colonies, que les Américains, dès l’arrivée de La Fayette sur leur sol, ont saluée et chérie dans le paladin français.

Et c’est parce que, dès la guerre de l’Indépendance, l’Amérique a eu conscience de soutenir, non seulement des droits historiques, mais les droits naturels de l’homme, qu’elle peut dire, aujourd’hui même, par la bouche de son grand Président, qu’en combattant pour la liberté du monde, elle combat pour le principe qui lui a donné naissance.


L’histoire ultérieure des États-Unis a confirmé qu’ils étaient nés en 1776. Mais, en fait, seule la condition négative de leur existence, la déclaration d’indépendance, avait été posée à cette époque. La multiplicité initiale, la tendance des membres à être et demeurer, chacun, un corps indépendant, subsistait, à peine modifiée. Le danger passé, les membres confédérés se dressèrent contre l’unité, à laquelle ils ne s’étaient soumis qu’en vue de la guerre contre l’oppresseur commun. Les États, en tant qu’États, prétendirent à une souveraineté sans entraves. Le multiple aspirait à se maintenir comme multiple pur et simple.

Pour quelles raisons, dans quel esprit, de quelle manière les colonies se constituèrent-elles en nation, c’est ce que recherche et expose très diligemment M. Wilson.

La guerre finie, les États émirent chacun des prétentions et se livrèrent à des entreprises telles, que la sécurité et la paix intérieure des populations affranchies étaient chaque jour compromises.

De plus, à la faveur de ces discordes et de ces rivalités mêmes, la Grande-Bretagne conçut l’espoir de rétablir en Amérique l’état de choses antérieur à la révolution.

Des esprits clairvoyants, un Washington, un Hamilton, démontrèrent aux Américains que le seul remède à ces maux était la création d’institutions organisant l’unité. Et la Déclaration de 1776, qui n’apportait que la condition négative de l’union, fut complétée par la Constitution de 1787, destinée à en réaliser la condition positive… Elle débute par ces mots : « Nous, peuple des États-Unis, afin de former une union plus parfaite… »