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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/207

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d’autres sont à la veille d’y être acculées. La question de savoir quelles mesures pourraient remédier à cet état de choses et permettre à la production de se maintenir à son niveau antérieur est sur le tapis, et préoccupe les cercles financiers et politiques de Londres et de Johannesburg. Elle est également soulevée aux États-Unis, où l’association minière du Nord-Ouest a demandé au gouvernement fédéral de venir en aide aux exploitations aurifères, de les exempter des impôts de guerre, de leur concéder le bénéfice des anciens tarifs pour leurs. transports et de les mettre au nombre des industries qui reçoivent des subsides de la Corporation américaine des finances de guerre (War finance Corporation).

En dehors de cette aide indirecte donnée aux mines, on peut en concevoir une autre, dont l’idée a été agitée dans certains milieux et qui consisterait à modifier le prix d’achat de l’or par les gouvernements. Mais elle est impraticable. Agir de la sorte serait détruire les fondements mêmes de l’organisation monétaire et consacrer d’une façon définitive la déperdition passagère que certains billets subissent.

Supposons, par exemple, que notre hôtel des Monnaies décide de payer le kilogramme d’or 4 000 au lieu de 3 444 francs, cela voudrait dire que la France consolide une baisse de son billet d’environ un huitième par rapport au métal. Le gramme d’or étant tarifé à 4 francs au lieu de 3 francs 44, chaque franc correspondrait désormais à un poids de métal moindre, verrait la diminution de son pouvoir d’achat irrévocablement admise, sans aucun espoir de retour aux conditions normales d’avant 1914. Or, ces conditions doivent être envisagées comme le but à atteindre. En dehors de ce programme, tout est vague et incertain. Que signifierait la consolidation de la soi-disant perte du papier à tel ou tel cours ? Comment déterminer l’ampleur ou l’étroitesse de l’écart qu’on prétendrait fixer entre les deux monnaies ? Non seulement cet écart est variable et se modifie pour ainsi dire journellement dans un même pays, mais il est très différent, a la même heure, chez les diverses nations de l’Entente. Notre franc perd aujourd’hui environ 3 pour 100 par rapport à la livre sterling, qu’il est permis de considérer comme n’ayant pas cessé d’être un poids d’or, quoique, en fait, ni les billets de la Banque d’Angleterre, ni ceux du Trésor anglais ne s’échangent contre de l’or. D’autre part, cette même