Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Amérique de prendre en main la cause de la paix, d’en informer tous les belligérants et de les inviter à envoyer des plénipotentiaires pour ouvrir des négociations. — Le gouvernement allemand prend pour base de ces négociations le programme élaboré dans le message adressé au Congrès le 8 janvier 1918 par le Président des États-Unis d’Amérique et dans ses déclarations ultérieures, en particulier dans le discours du 27 septembre 1918. — Pour éviter que l’effusion de sang ne continue, le gouvernement allemand demande la conclusion immédiate d’un armistice général sur terre, sur mer et dans les airs. »

Bref, l’Allemagne sollicite en même temps la paix et l’armistice, ou, en ordre inverse, l’armistice et la paix, et il vaudrait, après avoir noté le fait même de sa démarche, d’en mieux connaître le caractère, les motifs et les intentions. Premièrement, si l’on a pu dire de certaines manifestations antérieures de l’Allemagne ou de l’Autriche-Hongrie, que c’étaient comme des « offensives, » il serait permis de dire de celle-ci qu’elle inaugure, en corrélation avec les événements récents, une sorte de « défensive de paix; » c’est son caractère le plus évident, et il se marque par-dessus tout dans la demande d’armistice. Quant aux motifs de cette demande, il en est de militaires, il, en est de politiques. Les raisons militaires, on fait plus que de les voir, on les touche du doigt; en quelque manière, on les pointe jour par jour sur la carte; pour les raisons politiques, il y a sans doute ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas. Il n’est pas impossible que la situation intérieure de l’Allemagne, ou proprement politique, ou économique, qui s’était longtemps maintenue moins mauvaise que nous ne la croyions, soit devenue a présent plus grave que nous ne l’aurions crue. Des allusions fréquentes ont été faites, sinon à des différends formels, du moins à des difficultés, dissentiments ou frictions entre États confédérés, et, plus encore qu’entre États, entre nations du Nord et du Sud; on a par exemple, sous prétexte, alternativement, d’égoïsme alimentaire et d’égoïsme militaire, ressuscité à nos yeux la querelle classique de la Prusse et de la Bavière ; et nous nous sommes méfiés, de crainte qu’on ne se jouât à la fois de nos désirs, de notre ignorance et de notre bonne foi; mais peut-être, dans ce qu’on en a laissé percer, tout n’est-il pas absolument faux.

De même, et beaucoup plus sûrement, entre partis : tout n’est pas une comédie, quelle que soit, dans ces disputes de théâtre, la part de la mise en scène. Souvent déjà il nous était venu à la pensée que rien de ce que nous savions n’expliquait complètement,