Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très-bas. Alors, patient, mais inflexible, il a regardé venir la deuxième note du gouvernement allemand.

Elle est venue vite. Comme la réponse du Président des États-Unis était communiquée par le secrétaire du département d’Etat, M. Robert Lansing, cette deuxième note allemande émane protocolairement du secrétaire d’État impérial aux Affaires étrangères, M. Soif. Le dialogue se poursuit : c’est bien une réponse aux trois questions de M. Wilson. Sur la première, qui est capitale, le secrétaire d’État déclare : « Le gouvernement allemand a accepté les points que le Président Wilson a posés dans son discours du 8 janvier 1918 et dans ses discours postérieurs comme base d’une paix de droit durable. Le but des pourparlers à entamer serait donc seulement de s’entendre sur les détails pratiques de leur application. » Sur la deuxième question : « Le gouvernement allemand se déclare prêt à répondre à la proposition d’évacuation du Président Wilson pour amener un armistice. » Sur la troisième : « Le gouvernement allemand actuel, qui porte la responsabilité de conclure la paix, a été formé à la suite de négociations et d’accord avec la grande majorité du Reichstag; et, s’appuyant dans chacun de ses actes sur la volonté de cette majorité, le Chancelier de l’Empire parle au nom du gouvernement et du peuple allemands. »

Il est vrai qu’au premier paragraphe, le docteur Soif ajoutait : « Le gouvernement allemand suppose que les gouvernements des Puissances alliées des États-Unis se placent, elles aussi, sur le terrain des manifestations du Président Wilson ; » et c’était une chausse-trape qu’on creusait d’un air innocent dans ce terrain, en se promettant d’exploiter un jour ce qu’avaient d’un peu vague ou du moins d’un peu trop général quelques-uns des quatorze articles du message du 8 janvier, tout particulièrement le huitième, qui visait « la réparation du tort fait à la France en Alsace-Lorraine. » Au second paragraphe, concernant l’armistice, autre addition : « Le gouvernement allemand s’en rapporte au Président pour provoquer la réunion d’une commission mixte qui serait chargée de passer les accords nécessaires en vue de l’évacuation. » Des accords, une commission mixte ; point de vainqueurs, point de vaincus; bonne liquidation d’une mauvaise affaire : on économiserait des hommes, en tués, blessés et prisonniers ; on sauverait le matériel, on l’emporterait, on le garderait pour de meilleurs jours. À ce prix, l’évacuation tournerait même en un avantage. « Enfin, nous avons fait faillite ! »

A peine avait-on connu en Allemagne les demandes et les réponses,