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26 février.) Le but de l’attaque est désormais hautement avoué : c’est la prise de Verdun. L’Allemagne attend d’une minute à l’autre la chute de la place.

L’acharnement avec lequel tous les communiqués français sont discutés, prouve néanmoins que la lourdeur des pertes a causé quelque émotion. Puis le brusque arrêt de l’offensive déconcerte ceux qui se voyaient déjà à la veille d’un nouveau Sedan. « Les mêmes enthousiastes qui avaient lâché la bride à leurs imaginations, se laissaient aller au plus profond découragement. » (Frankfurter Zeitung, 5 mars 1916.) On tâche de les réconforter ; il faut laisser aux batteries le temps de s’installer sur des positions nouvelles, de régler leur tir, de préparer l’avance de l’infanterie ; il faut savoir distinguer ce qui est possible de ce qui ne l’est pas, etc. Et toujours on en revient aux « mensonges » des communiqués français, qui, décidément, ne sont pas sans influence sur l’opinion allemande.

Vaux est pris. — Les espérances renaissent ; « la valeur stratégique du camp retranché de Verdun est maintenant réduite à néant ; Verdun n’est plus une perpétuelle menace… cela seul est déjà un immense résultat. » (Vossische Zeitung, 9 mars.)

Les Français reprennent Vaux. — Nouvelles inquiétudes à combattre. « Le succès des Français n’a pas grande importance : le fort a été bouleversé par notre artillerie… Nous devons être reconnaissants à notre haut commandement de n’avoir pas précipité le retour offensif, de le préparer au contraire avec méthode et réflexion : temps d’arrêt, nouveau bombardement, nouvel assaut ; le succès est au bout. » Les pessimistes pensent que ce succès est bien lent. Ils colportent de fâcheuses nouvelles : l’Empereur et Hindenburg se trouveraient en désaccord ; l’un voudrait chercher la décision en France et l’autre sur le front oriental. Les difficultés économiques, — nous y reviendrons, — aigrissent encore les esprits.

Les Allemands attaquent sur la rive gauche de la Meuse. — Serait-ce enfin le coup décisif ? Non ; après la prise du bois d’Avocourt, les opérations sont de nouveau arrêtées, et les mécontents recommencent à murmurer. Pour les faire taire, on leur représente que la bataille de Verdun a contrecarré le plan de l’Entente et a empêché l’offensive que les adversaires préparaient pour le printemps. Cet argument-là reparaîtra chaque fois qu’une attaque allemande ayant échoué, il sera nécessaire