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le vestibule, rempli de mouvement et de bruit, une porte est toujours fermée. Aux heures calmes de l’après-midi, où le repos qui s’étend sur la maison semble ramener avec lui la douceur des anciens jours, cette porte s’entr’ouvre, pour laisser passer une ombre, qui va contempler en silence une cantine d’officier, où reposent des lettres, des photographies, de menus objets familiers, et un triste uniforme qui garde encore tous les plis de la vie et la petite déchirure par où la mort est entrée…

Près de moi, sous la charmille, une voix chantante lit les Mémoires d’un Ane à deux bambins pleins de grâce, penchés sur son épaule. Soudain la voix s’arrête. La lecture s’est achevée sur la mort de Pauline. J’entends un enfant qui demande : « Et Cadichon que devient-il ? » Et la lectrice un peu sévère : « Voilà bien le cœur des enfants ! La pauvre Pauline est morte, et ils ne pensent qu’à Cadichon ! » Un silence. Et puis, de nouveau, j’entends la voix puérile, timide, toute chargée de larmes : » Oh ! tante ! Quand l’oncle Jean est mort, nous avons eu bien du chagrin. »


JEROME et JEAN THARAUD