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LA STRATÉGIE ÉCONOMIQUE
DE L’ALLEMAGNE
ET
LA CONTRE-OFFENSIVE DES ALLIÉS

Après la théorie, la pratique : il est indispensable de l’avoir présente à l’esprit, au moment où l’on négociera la paix et où il faut plus particulièrement se garer des embûches allemandes.

Depuis qu’en octobre 1917 a été exposée ici même, la conception dominante de l’Allemagne dans ses mobiles de guerre et dans ses buts de paix, les faits sont venus, répétés et catégoriques, démontrer la violence de ses appétits et la persistance de ses prétentions à l’hégémonie économique du monde.

De quelque côté que l’on porte ses regards, l’évidence est la même : tractations de Brest-Litovsk, de Kiew ou de Bucarest ; discussions du Reichstag ; propagande pangermaniste ; mémoires documentaires dressés par les grandes associations patronales, tout révèle la même et générale ambition.

C’est à peine si quelques isolés, se recrutant surtout dans le milieu des affaires, osent insinuer que la victoire militaire ne saurait réaliser ce rêve grandiose, et que force sera de chercher une solution dans les voies de la « conciliation. »

Cette conciliation, l’histoire tout entière des derniers mois la rend impossible, parce que suspecte de féline hypocrisie de la part de l’Allemagne : l’empereur Guillaume a proclamé qu’il « savait très exactement, » dès août 1914, qu’une lutte à mort