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reconnaître le changement, mais il est nécessaire qu’il y ait un changement complet dans les dispositions d’esprit et les intentions de son gouvernement, avant de pouvoir autoriser sa participation dans notre société économique. » C’est ce qu’un citoyen des États-Unis, le Président de la Chambre de Commerce américaine de Paris, M. Walter Berry, a résumé en termes plus saisissants encore dans son discours du 4 juillet : « Pour que la paix du monde soit assurée, il faut que l’Allemagne se trouve en face, non seulement d’un désastre militaire, mais aussi d’une colossale débâcle économique… Il est urgent que son embouteillage économique devienne l’impératif catégorique de la politique des Alliés. »

Ainsi se vérifiait point par point le second des aphorismes de M. Hughes : à savoir qu’il fallait faire perdre aux Allemands jusqu’au goût et à la possibilité d’asservir commercialement l’univers. Ainsi se réalisait peu à peu le fameux « encerclement » dont Guillaume II s’était plaint avant seulement qu’on l’eut conçu, et que sa mégalomanie avait rendu nécessaire. Ainsi, après la réintégration de l’Alsace-Lorraine, la restauration de la Belgique et de la Serbie, symboles du rachat des crimes passés et présents, la réorganisation économique du globe apparaissait aux yeux de tous les Alliés comme la condition essentielle et la seule garantie réelle de la paix future.


VI

Nous sommes enfin parvenu au terme de la route parfois tortueuse et souvent broussailleuse que nous nous étions proposé de parcourir.

La conclusion s’impose à tout esprit sincère avec la plus éblouissante évidence, la plus irréfutable logique.

Les traités orientaux de 1918 n’ont pas été une improvisation, mais l’application réfléchie des méthodes inventées pour la France dès août 1914 : avec l’expropriation de ses moyens de production du Nord-Est, l’obligation durant vingt-cinq années de recevoir en franchise les produits allemands, l’Empire restant libre de taxer les importations françaises.

De nos jours, l’Allemagne ne peut se passer des matières premières et des denrées alimentaires fournies par le reste du monde : ni la restitution de ses colonies, ni même un