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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/505

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mosellanes et rhénanes, ce sont presque toujours eux qui nous ouvrent les portes de leurs cités ou de leurs Etats. Les bourgeois de Toul qui, en 1300, se sont« offerts » à Philippe le Bel, les bourgeois de Verdun qui, en 1336, ont demandé protection à Philippe le Hardi, ouvrent la série, et déjà les dispositions des cités lotharingiennes sont, dès la fin du XIVe siècle, si inquiétantes qu’en 1414 l’empereur Sigismond peut s’écrier, à Spire, s’adressant à ceux qu’il tient pour ses sujets : « Voulez-vous donc être Français ? »

Ils ne voulaient pas être Allemands : ils ne l’étaient pas. Les rois de France, dès que guerre anglaise ou guerre civile les laissaient libres, dès que de grands succès les faisaient forts savaient qu’ils trouveraient là-bas des amis. Lorsque, Guillebert de Metz ayant, en 1434, écrit : « Il faut que le roi de France fasse conquête de… Lorraine, Luxhembourc, Mès, Thoul, Verdun, Trêves, Coulogne, Maïence, Strasbourc, » Charles VII, en 1444, s’achemine vers l’Est, derechef bourgeois de Verdun, de Toul, d’Epinal, de Luxembourg, lui ouvrent les bras et déjà les électeurs de Trêves et de Cologne lui tendent la main. En ce même temps, le dauphin Louis, — le futur Louis XI, — ne craint pas, sachant que, jusque dans l’entourage de l’Empereur, on lui donnera raison, d’affirmer, devant l’Empereur même, qu’il est venu en Alsace « pour revendiquer les droits du royaume des Gaulois qui s’étendait jusqu’au Rhin. » Tout à l’heure nous entendions le maréchal de Vieilleville exhorter Henri II à « s’emparer doucement, puisque l’occasion s’en offrait, de Metz, Toul et Verdun » : « l’occasion » c’étaient, appuyés par les bourgeois, les trois princes évêques qui « l’offraient. » Lorsque, au milieu de la joie générale de nos soldats qui aspiraient à « voir la rivière de Rhin, » le roi eut décidé la « promenade d’Austrasie, » c’était sur l’appel des princes meusiens et mosellans eux-mêmes. Et la réunion des trois cités lotharingiennes étant fait accompli, l’opinion allemande elle-même en était peu offensée, puisque, à Friedwald, Maurice de Saxe parlant au nom de nombre des princes allemands, déclarait « trouver équitable que le roi, le plus promptement possible, prit possession des villes qui ont appartenu à l’Empereur, bien que la langue allemande n’y fut pas en usage. »

C’est encore du consentement des princes rhénans qu’un Henri IV prépare l’établissement, — en attendant mieux, —