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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/717

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« Il faut bien insister sur ce point, a-t-il écrit, que le rétablissement de la dignité impériale n’a pas créé une nouvelle institution de droit public. La notion de Præsidium fédéral n’a pas été modifiée par le fait qu’on y a adjoint le titre d’Empereur. Des circonstances historiques qui amenèrent le rétablissement de ce titre, des motifs et des déclarations qui accompagnèrent la proposition et la discussion du texte de la Constitution actuelle et surtout de l’article XI de cette Constitution elle-même, il résulte, avec pleine certitude, que la fonction impériale est absolument identique au Præsidium fédéral et que, en dehors du titre et des insignes qui répondent à ce titre, elle ne contient pas d’autres droits que les droits présidiaux. »

« L’Empereur et roi a décidé d’abdiquer, » disait, le 9 novembre, le prince Max de Bade. Aucun acte authentique d’abdication n’a été jusqu’à ce jour révélé : aucun acte d’abdication comme empereur allemand, aucun acte d’abdication comme roi de Prusse. Tout ce que nous en savons, c’est ce qu’on a raconté ces jours-ci à Zurich. «Le gouvernement allemand » se proposerait de publier sous peu cet acte, qui constituerait « une espèce de bref plaidoyer où le Kaiser s’efforcerait de justifier la guerre entreprise par la nécessité de rompre l’isolement de l’Allemagne, et qui se terminerait par cette phrase : « Pour mettre un terme aux deuils et aux souffrances de mon peuple, je renonce au trône et laisse mes fidèles sujets libres de choisir le gouvernement qui leur parait le plus compatible avec leur honneur et leur intérêt. » Il faut prendre garde. Eussions-nous entre les mains l’instrument, signé, paraphé et scellé, de l’abdication impériale, cet instrument serait nul et de nulle valeur, ce ne serait qu’un chiffon de papier de plus, tant que nous ne tiendrions pas l’abdication de Guillaume de Hohenzollern comme roi de Prusse, pour la raison que nous venons de donner : la fonction impériale, d’après la Constitution du 16 avril 1871, n’est qu’une fonction; c’est le roi de Prusse qui saisit et qui fait l’empereur allemand : il en résulte que l’empereur ne peut se défaire que si le roi se défait. A Supposer qu’il y ait lieu d’ajouter foi à la version qui circule en Suisse, Guillaume II aurait dit simplement : « Je renonce au trône. » Auquel de ses trônes? A son trône d’empereur? Bien que le plus élevé, ce n’est que l’accessoire, qui n’emporte pas le principal. A son trône de roi de Prusse? Alors, ce serait sérieux : du même coup qu’il n’y aurait plus de roi, il n’y aurait plus d’empereur.

Mais, s’il n’y a plus d’empereur, peut-il y avoir un chancelier