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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/718

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d’empire? Sans doute, — et la nuance mérite d’être notée, — le prince Max de Bade n’a pas dit le 9 novembre : « L’Empereur et roi a abdiqué, » mais seulement : « L’Empereur et roi a décidé d’abdiquer. » Par suite, et tant que l’abdication n’était pas chose faite, tant que sa démission à lui-même n’avait pas été acceptée, le prince m’avait pas cessé d’être chancelier. Toutefois, il ne pouvait exercer, à l’heure de la crise, des pouvoirs qui ne lui appartenaient point en temps normal. Or, au titre IV de la Constitution de 1871, qui est précisément celui du Præsidium, l’article 15 stipule : « Le chancelier de l’Empire est nommé par l’Empereur. » En ajoutant qu’il avait « l’intention de proposer au régent la nomination du député Ebert comme chancelier, » le prince Max de Bade restait dans la stricte correction. Mais, quand il n’y a plus eu d’empereur et roi, il n’y a pas eu de régent du royaume de Prusse, et par conséquent pas de vice-empereur allemand. Personne n’avait qualité pour nommer un chancelier de l’Empire. Lors donc qu’on nous faisait savoir, le 10, que, « c’est le député sozialdemokrate Ebert qui gère les affaires de la chancellerie de l’Empire, » on ne nous renseignait pas sur ce point essentiel, l’armistice devant être conclu le lendemain 11 : « Qui avait désigné pour gérant de la chancellerie le député Ebert, et que valait son investiture ? »

En dehors de l’Empereur et du chancelier, l’Empire allemand avait deux autres organes : le Bundesrath, assemblée fédérale, réunion de plénipotentiaires plutôt que Chambre haute, sorte de Diète ou siégeaient les envoyés des princes co-souverains, et le Reichstag Chambre populaire, élue au suffrage universel, égal et direct, pour toute l’Allemagne, représentation du peuple allemand en son unité. A défaut d’un Empereur, qui, pourtant, dans la doctrine et dans l’usage, était « le seul et unique représentant de l’Empire vis-à-vis des tiers, » on eût pu validement traiter avec le Bundesrath ; car, affirme Laband avec force: « l’Empereur n’est pas monarque de l’Empire, c’est-à-dire souverain de l’Empire: la puissance d’Empire n’appartient pas à l’Empereur, mais à la collectivité des princes confédérés et des villes libres allemandes. » Mais voici une difficulté qui va jusqu’à l’impossibilité. Des vingt-cinq États, qui composaient l’Empire fédératif, nous avons sûrement devant nous les trois villes libres, Lubeck, Brème, Hambourg, et encore sous quel régime ? Le reste, les rois, princes, grands-ducs et ducs régnants, pour la plupart, s’en , vont ; ils s’en sont allés. Le roi de Bavière, disparu on ne sait où, le roi de Prusse parti en Hollande, le grand-duc de Hesse, le roi de