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d’accords économiques et financiers. Les Puissances associées ont mis en commun leurs ressources de tout ordre. Des organes interalliés, supernationaux, ont été créés pour régler la répartition des vivres et des matières premières, pour fixer l’ordre d’urgence des fabrications et des achats de guerre, pour supprimer la concurrence entre les acheteurs, pour assurer le rendement maximum du tonnage maritime disponible et son équitable distribution.

Non seulement il serait impossible de supprimer du jour au lendemain le fonctionnement de ces organes supernationaux, mais des nécessités impérieuses, immédiates, vont imposer pendant longtemps encore le développement et l’extension de leur action. Aux accords déjà conclus pendant la guerre pour le ravitaillement des Puissances neutres viendront s’ajouter de nouvelles conventions pour le ravitaillement des peuples de l’Europe centrale. De même nous savons que, pendant de longues années encore, l’insuffisance des ressources en matières premières pour les besoins de certaines industries sera telle que seules des conventions internationales pourront amener une distribution de ces ressources propre à assurer aux usines le fonctionnement régulier sans lequel elles ne pourraient subsister.

Ainsi s’établissent et s’établiront progressivement entre les nations, par la force même des choses, des dépendances économiques et financières qui contribueront efficacement au main-lien de la paix.

Au point de vue militaire qui nous occupe, ce sont et ce seront de même, non des conditions plus ou moins artificiellement conçues, mais des nécessités pratiques et pressantes qui imposeront aux Puissances associées la prolongation et l’extension de leur action commune. Ne peut-on considérer comme un exemple-type de cette action, sous sa forme militaire, l’intervention des armées alliées en Russie, intervention désintéressée, parce que collective, parce qu’exercée chez des alliés, et qui seule pourra permettre à ceux-ci de se ressaisir, de rétablir l’ordre chez eux et de restaurer des conditions de vie normale en dehors desquelles aucune nation ne saurait subsister ? Ne peut-on prévoir également, n’a-t-on pas prévu déjà la nécessité pour les Puissances alliées d’envoyer des détachements mixtes occuper les territoires contestés entre