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s’accomplir au hasard : il y faut, au contraire, beaucoup de méthode ; et, avec l’expérience, on est arrivé assez rapidement à établir, pour chacun d’eux, une réglementation très détaillée. Instructions pour l’embarquement, instructions pour la marche en convoi, instructions pour le débarquement et pour le retour, tout a été étudié.

Ajoutons que ces diverses réglementations avaient eu maintes fois l’occasion de faire leurs preuves dans le courant de l’année 1915, particulièrement dans l’Artois et au cours des attaques de Champagne ; et c’est ainsi qu’il apparaissait clairement : qu’on avait, avec le Service automobile, un organe de transport absolument au point, qu’il n’y avait plus qu’à entretenir et à développer.


Mais on avait été amené à se demander, pourtant, s’il ne restait pas un perfectionnement à réaliser, par l’organisation de la route elle-même, expliquons-nous. On avait obtenu la discipline parfaite des convois, en eux-mêmes ; mais il arrivait souvent que ces convois, une fois mis en mouvement, se heurtaient à toutes sortes d’obstacles provenant des hasards de la route : autres convois coupant tout à coup le chemin, encombrements aux croisements, passages à niveau obstruée. voitures à chevaux ralentissant tout, etc. On avait donc envisagé la possibilité, dans le cas de transports de grande intensité et de grande importance, d’une organisation centrale, qui eût la haute main sur toutes les opérations susceptibles de se dérouler sur une route donnée. Vers la fin de 1915, et en janvier 1916, la direction des Services automobiles étudiait, à ce point de vue, la création d’un organe nouveau, d’une sorte de commission régulatrice, pour laquelle aucun nom encore n’était trouvé, dont les grandes lignes seulement étaient à peine tracées, et qui, en même temps qu’elle fixerait le mode de travail des unités de transport, assumerait aussi la tâche de garder la route de tout accident imprévu.

Sous quelle forme exercerait-elle ce contrôle ? Quelle extension pourrait prendre son autorité ? De quel personnel devrait-elle disposer ? — Tout cela était encore vague : on cherchait, sans spécialement se presser.

Or, c’est précisément au milieu de ces préoccupations que, brusquement, brutalement, « Verdun » allait éclater.