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la rive droite du Rhin, au Nord de la tête de pont de Cologne et jusqu’à la frontière hollandaise. » Ouvrons un atlas : de Cologne au-dessus d’Emmerich, où le Rhin entre en Hollande, cette zone, qui cesserait d’être neutre pour être occupée, comprend, entre autres points saillants, Dusseldorf, Duisburg et Wesel, sur la rive droite ; par son bord opposé au fleuve, elle touche presque Elberfeld, Barmen et Essen. Sans nul doute, « le haut commandement des Alliés » a-t-il eu une pensée ou une arrière-pensée en introduisant cette clause supplémentaire, puisqu’il l’a écrite et que c’est la seule qu’il ait écrite. Sur la démobilisation elle-même de l’armée allemande, la convention du 13 décembre est muette comme l’était celle du 11 novembre : et parce que le gouvernement a refusé de répondre à l’invitation qui a été adressée à la Chambre des députés de faire connaître les raisons de ce silence, ce n’est pas une raison de croire qu’il n’ait pas eu ses raisons. De pareilles lacunes ne sauraient s’expliquer par un oubli : on n’oublie pas l’essentiel, et l’intention est certaine, si elle n’est point évidente. Mais, en réalité, l’essentiel n’est-il pas que, d’une façon ou d’une autre, de toute façon, l’Allemagne ait été mise hors d’état de reprendre les hostilités ? Dès que le fait existe et tant qu’il subsiste, les « pourquoi » et les « comment » sont secondaires.

Telle quelle, et ainsi complétée, on pense que la convention d’armistice ira jusqu’à la signature des préliminaires de paix, sans stipulation nouvelle, sans codicille, sans avenant. On estime donc qu’elle suffit pleinement pour faire face à toute éventualité. Le mieux est de s’en rapporter là-dessus à ceux qui voient et qui savent. Il n’est même pas besoin de les avertir que, juridiquement, il n’y a plus d’Empire allemand depuis qu’il n’y a plus d’Empereur allemand, que l’organe est mort aussitôt que la fonction n’a plus été remplie, et certainement ils y prennent garde dans tous les documents qu’ils signent. Par exemple, il ne viendrait à l’idée de personne, parmi les « techniciens » qui seraient chargés de traiter et de régler un point touchant une question litigieuse, — celle, si l’on veut, de l’exploitation de quelque mine fiscale, — de demander ou d’accepter l’engagement de l’Empire allemand, alors que la mine est la propriété de la couronne de Prusse ou de l’État prussien. Tout le monde a toujours le soin le plus scrupuleux de ne pas enfermer, à la racine des négociations, des germes de désaveu, de « défaites » et de chicanes. Tout le monde a toujours présent à l’esprit que le droit public allemand est un droit compliqué, comme il l’est nécessairement