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journal de Liebknecht, la Rothe Fahne (le Drapeau rouge), mais Ebert et la clique révolutionnaire (lire plutôt, ce qui est bien plus dans le ton de la feuille et dans la pensée de l’auteur, « réactionnaire ») restent par malheur au gouvernement. »

De l’échauffourée des 23-24 décembre et des jours suivants, le Directoire se tirait en apparence rassis et raffermi, comme il s’était tiré de la Conférence générale des comités d’ouvriers et de soldats. Ses partisans avaient pu craindre que devant cette Conférence, séance tenante, la scission ne se fît entre les majoritaires et les indépendants, trois contre trois, et que le gouvernement ne se cassât par moitié. Au grand étonnement de plusieurs, il en était sorti complet. Le nouvel organisme d’État paraissait même en être sorti mieux lié en ses diverses parties. La « Conférence des comités d’ouvriers et de soldats, » — tel était son titre officiel, — avait élu, avant de se dissoudre, un « Comité central de la République socialiste allemande, » auquel l’ancien Comité exécutif des comités d’ouvriers et de soldats de Berlin avait transmis ses pouvoirs. Composé comme l’est son bureau, présidé par le majoritaire Leinert (de Hanovre) qu’assistaient trois autres bons majoritaires, Cohen (de Reuss), Hermann Müller et Schaefer (de Cologne), avec adjonction, pour figurer l’élément militaire, d’un délégué du front oriental, nommé Wagner, soit quatre majoritaires et peut-être cinq sur cinq, le Comité central semblait destiné logiquement à renforcer et non à contrarier ou gêner « le gouvernement d’Empire. » Comme, d’autre part, le Directoire l’avait emporté dans tous les scrutins de la Conférence générale, comme il avait réussi à faire adopter par elle, outre le principe de la convocation d’une Assemblée nationale, l’élection de cette Assemblée à la date la plus rapprochée, si le gouvernement n’était pas inébranlable, s’il ne cessait pas d’être attaqué, il semblait, à tout prendre, qu’il s’enracinât. Mais justement à l’heure où l’on pensait que le péril de scission était écarté, les trois indépendants abandonnaient le Directoire. Crise qui eût pu être plus grave, si l’on n’avait trouvé d’autres indépendants pour les remplacer. On en a trouvé au moins deux : Noske, réputé pour sa décision, Wiessel, dont on ne dit rien ; un troisième, Lœbe, de Breslau, s’est excusé, et l’on cherche dans les affaires de Silésie une explication de son refus. A considérer les faits sous cet angle quasi constitutionnel ou parlementaire, et, si tout se passait en arrangements, en combinaisons, en conciliabules, la position du gouvernement d’Empire demeurerait aujourd’hui ce qu’elle était hier, et le moins qu’on en pourrait