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LE « CAS » DE LAMENNAIS

On ne cesse d’écrire sur lui, et l’on ne parvient pas à le comprendre. Y parviendra-t-on jamais ? Verra-t-on jamais parfaitement clair au fond de cette âme obscure ? Je voudrais, à la lumière de récentes publications, analyser, avec toute la précision dont je puis être capable, ce que je crois pouvoir appeler le « cas » de Lamennais.


I

Si j’avais à dénombrer et à apprécier ici tous les travaux dont l’auteur des Paroles d’un croyant a été l’objet, depuis qu’en 1893 Brunetière prenait prétexte des ouvrages de Spuller et du P. Roussel pour lui consacrer un vigoureux article, il me faudrait de très longues pages. Un érudit breton dont tous les « mennaisiens » sont tributaires, M. l’abbé Duine, a publié naguère, de 1907 à 1914, dans les Annales de Bretagne, une fort précieuse bibliographie de Lamennais : il y relève cent trente titres de livres, d’opuscules ou d’articles sur son héros, et il n’est certainement pas complet ; les livres proprement dits sont au nombre d’une vingtaine, et il en est bien peu qui soient entièrement négligeables. Il faut avouer qu’ils sont assez rares les grands écrivains qui, plus d’un demi-siècle après leur mort, font encore lever, en un aussi court espace de temps, — sept années seulement, — une aussi abondante « littérature. »

Remontons jusqu’à 1893, et indiquons brièvement, en essayant de les classer, l’intérêt des principaux travaux parus depuis lors sur Lamennais.

Quand un écrivain comme l’auteur de l’Essai sur l’Indifférence