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l’énergie absorbée par notre cycle industriel y entre à l’état de chaleur : forme stable que cette énergie a un penchant constant à réaliser spontanément, tandis qu’artificiellement et avec déchet nous nous attachons ensuite à transformer, par une opération inverse, la chaleur en travail. L’équivalence mécanique de la chaleur et du travail est le principe fondamental de toute la dynamique moderne. Cet emploi de la force à l’état calorifique est évident pour les combustibles divers, qu’on applique d’ordinaire à produire de la vapeur, ou que l’on brûle parfois, avec ou sans détonation, dans des moteurs à combustion interne. Mais il en est de même, plus généralement, pour les réactions chimiques, lorsqu’elles se produisent sans aucune intervention d’agents extérieurs, lorsqu’elles tendent vers l’équilibre et vers la stabilité, dégageant des calories et mettant ainsi en liberté du travail. Seules, quelques forces naturelles font exception et, tout en tirant leur origine d’une action calorifique, tout en représentant par conséquent une transformation de la chaleur en puissance, n’impliquent plus la manifestation de cette chaleur, déjà métamorphosée en énergie. Telle la houille blanche, produite en résumé par la vaporisation de l’eau remontée aux nuages et de là arrivée aux sources ; tel le vent, qui a pour cause première des aspirations, des expansions, dues à des différences de température entre les parties de l’atmosphère, mais pour lequel intervient aussi, dans le cas des alizés ou des moussons, un autre mode de mouvement, la rotation de la terre.

Des quatre principes auxquels nous avons ramené l’énergie naturelle, l’activité solaire est de beaucoup la plus utile. Nous vivons du soleil et nous faisons presque toujours, sous une forme ou sous une autre, travailler pour nous le soleil : soit que nous lui demandions de développer la végétation ; soit que nous récoltions dans la terre les vieux produits de son activité, le charbon et le pétrole ; soit que nous captions, comme on vient de le voir, le courant de l’eau et la pression du vent ; soit que nous commencions à utiliser avec quelque incertitude ses radiations calorifiques, lumineuses et électriques ou sa radioactivité. Le moyen élémentaire de produire du travail consiste à recueillir des composés de carbone et d’hydrogène que l’intervention du soleil a réussi à produire plus ou moins anciennement en les isolant alors de l’oxygène sous la forme de bois,