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pangermanisme exalté, dont pas une note ne s’est assourdie : « Plus encore que dans le bonheur, il faut répéter maintenant dans la douleur et la souffrance de notre peuple : « L’Allemagne, l’Allemagne au-dessus de tout ! »

Il n’est pas douteux qu’il n’y ait en cette direction un mouvement si fort qu’il est, du dedans, irrésistible, et que ce courant ne soit contrarié par aucun contre-courant. L’Assemblée nationale de Weimar a reçu une adresse du Comité central des conseils d’ouvriers et de soldats, que les journaux qualifient avec raison de « violemment unitaire et centraliste. » Qu’on en juge par deux ou trois de ses propositions : « 1° Le développement politique et économique de l’Allemagne a exigé impérieusement, avant même que la révolution eût éclaté, que l’Allemagne soit transformée en un État centralisé : 2° La révolution des ouvriers et des soldats a confirmé complètement cette exigence et a révélé qu’elle était absolument nécessaire pour assurer le développement politique, économique et social de la politique allemande, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. » La fin de l’hégémonie prussienne (en la supposant certaine et définitive) ne fournit qu’un argument de plus en faveur de la concentration de l’Allemagne : elle doit faire disparaître les craintes ou les inquiétudes des autres États, et d’abord des États du Sud ; et la passion pangermaniste s’accorde en ce point avec la doctrine marxiste, qui ne peut produire ses pleins effets que dans un État politiquement et économiquement centralisé. D’où : 6° « Les conseils des ouvriers et des soldats ne pourront trouver leur emploi dans la nouvelle constitution allemande et ne pourront défendre à l’avenir les intérêts ouvriers que si l’Allemagne ne voit pas se reconstituer le droit de souveraineté des divers États allemands. Aussi est-il nécessaire de combattre de la manière la plus énergique les manifestations pai ticularistes. La tâche essentielle de l’Assemblée nationale de Weimar est de constituer un État centralisé. L’Assemblée nationale de Weimar aura pour mission de préparer la reconstitution de l’Allemagne, aussi bien au point de vue économique qu’au point de vue politique, ainsi que de préparer une nouvelle distribution territoriale des États allemands. Ces pouvoirs ne peuvent être limités par aucune autre Assemblée, notamment par aucune Assemblée nationale des États confédérés. »

Le projet de loi du docteur Preuss qui organise les pouvoirs provisoires de l’Empire, étant nettement centraliste, ne devait donc pas rencontrer, et, en fait, n’a pas rencontré de difficultés. La seule