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contraires à une liaison complète avec l’armée britannique, — qui a laissé les armées de Langle de Cary et Sarrail manœuvrer avec tant d’efficacité sur la Meuse et en Argonne, — qui explique, sans cesse, aux troupes qu’elles reculent pour attaquer, — faut-il admettre que ce développement si parfaitement ordonné et lié, puisse être scindé en un point quelconque ? Et n’cst-il pas plus simple de reconnaître qu’il conduisait tout droit à ce qui est advenu ?

Il serait vraiment contraire au bon sens de supposer que, si telles ou telles interventions civiles ou militaires ne s’étaient pas produites, le général Joffre n’eût pas su donner la bataille qu’il avait su préparer. Tout en rendant ample justice aux services, aux collaborations, aux conseils, aux abnégations indispensables el, toutes, marquées alors au sceau du plus pur patriotisme, le plus sage est du voir les choses telles qu’elles se présentent : le général en chef a porté toutes les responsabilités ; c’est lui qui a signé les ordres ; s’il eût été battu, c’est lui qui eût porté le poids de la défaite ; en un mot, c’est lui qui a commandé ; donc, la balai le est à lui et elle est toute à lui : dans le grand drame militaire qui sauva la France, aucun acte ne peut être séparé.

Le premier acte fut donc l’offensive générale contre l’armée allemande au moment où celle-ci accomplissait son grand tour par la Belgique : offensive principale au centre dans l’Ardenne, flanquée, à droite, par une offensive en Lorraine, et, à gauche, par une offensive sur la Sambre, destinée à briser la branche principale de la tenaille, celle qui vise Paris. Il s’agit, d’abord et par-dessus tout, d’une opération stratégique, mais on vise aussi plusieurs buts secondaires, à savoir : venir en aide à la Belgique et porter la guerre hors du territoire national.

Cette première initiative ne réussit pas : elle ne fut pas vaine, cependant. A la guerre, une initiative, sérieusement étudiée et fortement menée, présente toujours des avantages.

La première bataille des Frontières, Sambre-Luxembourg-Vosges, obtint, du moins, les résultats suivants : à l’ Est, les armées du kronprinz de Bavière, de von Heeringen et de von Gaede sont ébranlées d’abord par l’offensive Morhange-Sarrebourg Mulhouse ; elles sont maintenues en Vosges-Lorraine par la crainte d’une attaque contre le territoire allemand, et, au moment où elles se lèvent pour allonger le premier bras de la