Dira-t-on qu’il fut inutile au sujet qui m’occupe de définir ces mots, et par ces mots les qualités de la dame vivante ?
Il y a encore un mot essentiel qui sert de support à tous les adjectifs, un mot spécial pour indiquer les mouvements de l’être humain ; il s’appliquait aussi bien au mouvement de la forme physique qu’à celui de l’âme. C’est le mot : « atti. » Un mot bien gênant encore ! On ne peut traduire : actes, ni actions, ni gestes, — car chacun de ces termes a chez nous un sens divergent. Il faut employer chacun de ces mots-là tour à tour. Je dirai souvent aussi : façons.
Aimons ces rares façons, réglées par la vertu, la mesure, l’élégance, les mœurs d’une délicate civilisation, le raffinement d’une rare éducation. Ce sont les façons de Madame Laure ; je ne pouvais continuer à vous en donner une idée, sans vous faire distinguer quelques-unes des couleurs dont Pétrarque s’est servi pour les peindre.
Pour mieux montrer le délice de ces façons, Pétrarque a recherché souvent les circonstances de la vie quotidienne où il arrive que les attitudes et les gestes varient.
Madame chante. Quand le chant commence, il y a un effort généreux de tout l’être, qui donne à la beauté sa plénitude. Madame incline vers la terre ses beaux yeux, et, les deux mains sur sa poitrine, elle recueille tout son souffle comme « en un soupir. » Et puis elle commence. C’est alors l’émotion du timbre de la voix, le sens des paroles prononcées et de la mélodie. Pétrarque en défaille d’extase, et pour un peu se sentirait mourir. Mais la joie est si grande, qu’elle le rend à la vie.
Certains jours, la circonstance que le poète a notée est mince. Telle l’aventure du gant. Madame l’a laissé choir, et l’amant empressé l’a ramassé et le lui a rendu. Si précieux que fût l’objet, « tissé de soie et d’or, » il paraissait malaisé qu’il fournît la matière de trois sonnets. Mais c’est un objet si personnel et si intime ! Du gant on passe à la main. Et la main, pour qui sait voir, est une des parties les plus expressives de la beauté. La main était restée nue. aux yeux du poète, « ivoire