Depuis le 23 novembre, date extrême des entrées en Alsace et Lorraine, le pays, dans l’état d’esprit que je viens de dire, semblait peu pressé de reprendre le train-train de l’existence. La fête ne cessait guère : elle ne pouvait cesser parce que tout était motif de joie, même les choses les plus graves.
L’administration française s’organisait. Le Haut Commissaire installé dans le « palais du statthalter, » qui n’était autre que l’ancienne préfecture française, y retrouvait, un peu dérangés par des lambris trop surchargés, de magnifiques souvenirs, ceux de ces grands préfets français dont le plus bienfaisant, Lezay Marnesia, parfait représentant de l’admirable administration impériale, a sa statue en avant des jardins, M. Maringer semblait disposé à gouverner « avec son cœur autant qu’avec sa tête. » Ce haut administrateur, pour l’heure, plaisait ; un jour qu’il était allé présider une fête charmante à Schilligheim, puis une autre à Honheim, les jeunes gens de Bischheim, bourg voisin, étaient arrivés tout enrubannés
- ↑ Voyez la Revue des 15 février, 1er et 15 mars.