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Qu’avant d’expirer sur l’argile,
Il a retrouvé, ce héros,
L’accent du Jardin des Olives
Pour dire à vos ombres pensives :
« Allez et veillez aux créneaux ! »

Prête au vol, l’aile qui s’écarte,
Derrière l’homme au képi d’or,
La Victoire observe la carte ;
L’homme apprend que son fils est mort.
La Déesse ferme son aile.
« Pleure, moi j’attendrai, » dit-elle.
— « Non, dit l’homme, je sais qu’on doit
Vaincre d’abord, pleurer ensuite.
— Eh bien, l’ennemi prend la fuite...
Pleure ! — Je n’en ai plus le droit ! »



...Et sur cette liste infinie
Il n’est pas un de ces exploits
— Emouvante monotonie ! —
Qui ne revienne plusieurs fois !
On imite l’exploit qu’on aime.
Contagion qui gagne même
Le Noir fier d’éblouir le Blanc !
Beaux plagiats dont on s’enivre !
— Regardons les exploits se suivre.
Et se suivre en se ressemblant !

Comme de l’aulne sort le vergne.
Comme du hêtre le fayard,
D’Assas produit La Tour-d’Auvergne,
Du Guesclin, sans cesse, Bayard !
Multiplication farouche !
Regardons drageonner la souche
Et naître, en ces profonds terreaux
Où chaque geste en sème d’autres,
De l’apôtre un buisson d’apôtres.
Du héros un bois de héros !