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Et puisque cette guerre, en somme,
N’est qu’un dernier duel fatal
Du Bonhomme avec le Surhomme,
De la Vie avec le Métal,
Il faut, pour que la Paix ramène
La respiration humaine,
Que le Bonhomme de chez nous
Abatte le Surhomme, et sente
Craquer l’armure éblouissante
Sous sa grosse semelle à clous !



Méphistophélès, dont le rire
Perdit quelques dents à Verdun,
Espère encor voir se détruire
Tous les hommes à cause d’un ;
Nous, chantons déjà nos prodiges !
O Promontoire de Massiges,
O Lorette, ô Buval profond.
Chantons ! Chantons, Puits de Calonne,
L’Ode à la Seconde Colonne
Que les Ordres du Jour nous font !

Sans cesse, comme une fumée
Qui se changerait en airain,
Les Ordres du Jour de l’Armée
Montent du farouche terrain.
Et le tournoyant édifice
Qui s’exhale du sacrifice
Où fondent nos soldats de fer
S’accroît d’une volute neuve
Chaque fois qu’un d’eux « a fait preuve, »
Chaque fois qu’un d’eux « s’est offert ! »

Et toujours, toujours plus opaque
Chaque fois qu’on se prodigua,
Et plus haute après une attaque
De Mangin ou de Passaga,
La Colonne monte en volutes,