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LÉONARD DE VINCI
SA VIE ET SA PENSÉE
Á PROPOS DE SON QUATRIÈME CENTENAIRE

I


Plus on connaît et plus on aime.
LÉONARD DE VINCI.


Il y a quatre cents ans (le 2 mai 1519), Léonard de Vinci mourait au château de Cloux, près d’Amboise, loin de sa patrie, dans une solitude profonde, adoucie cependant et comme réchauffée par l’intelligente affection du roi François Ier.

L’approche de cette date a pour nous quelque chose d’émouvant, je dirai même de solennel. Non seulement elle évoque à nos yeux, dans toute sa grandeur, l’un des plus puissants artistes du monde, mais elle nous rappelle encore les liens éternels qui unissent la France et l’Italie. Après avoir fraternellement mêlé leur sang sur la crête des Alpes du Frioul, dans les ravins de l’Argonne et aux plaines de Champagne, pour la grande cause de la justice et de la liberté des peuples, les deux sœurs latines ne voudront-elles pas célébrer leur victoire commune et cimenter leur alliance nouvelle par une amitié plus étroite ? De cette union nécessaire, écrite dans leur longue histoire, Léonard de Vinci n’est-il pas le haut représentant et l’éloquent symbole ? N’a-t-il pas trouvé chez nous l’asile qu’il avait vainement cherché dans son pays ? Ne nous a-t-il pas légué quelques-uns de ses plus beaux et plus mystérieux