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subitement illuminer la situation dans tout son ensemble. Des officiers français, déguisés eu lieutenants allemands, avaient franchi la frontière belgo-allemande à l’Ouest de la Gueldre et voulaient pénétrer dans la province rhénane. Ils furent arrêtés et jetés en prison et ainsi échoua l’entreprise si bien imaginée.

« On sait aujourd’hui que la Belgique avait tout préparé pour une invasion en Allemagne et ce petit livre n’a pas à en parler longuement. Nous nous contenterons de constater les faits, nous savons que l’écusson de l’Allemagne est resté sans tache et qu’on ne peut lui imputer la responsabilité de la guerre qui s’est livrée en Belgique ! »


Erzberger parle d’une bataille du Landsturm d’Aix-la-Chapelle en territoire allemand contre les Belges et les Français le 2 août.

Le général Bernhardi, lui, croit à un plan d’enveloppement des forces allemandes par l’armée franco-anglaise. Dans ce plan, un rôle était réservé à la Belgique. Et sur la base de cette double supposition, il conclut que la Belgique n’était plus un État neutre, et, en conséquence de cette constatation, il déclare que l’Allemagne avait non le droit mais le devoir d’envahir la Belgique.

C’est avec cette simplicité que dans les cabinets de l’état-major prussien, on résout les questions de droit international !

La découverte du général von Bernhardi a rendu jaloux un officier néerlandais qui s’appelle le général Prins. Celui-ci, après avoir, sur l’invitation du gouvernement allemand, visité le front allemand en France et en Belgique, croit devoir payer son écot à ses hôtes en leur servant le morceau suivant :


« L’invasion de la Belgique était pour les Allemands une nécessité. Depuis des années, le traité garantissant la neutralité de la Belgique n’était plus qu’un chiffon de papier. Depuis 1870, toutes les personnes compétentes savaient que, dans le cas d’une guerre entre l’Allemagne et la France, c’en serait fait de la neutralité belge. La Belgique elle-même considérait le traité comme un chiffon de papier, puisqu’elle avait mis des millions dans les forts de la Meuse et dans ceux d’Anvers. D’ailleurs, le traité devait son origine au besoin de protéger non la Belgique contre l’Allemagne, mais l’Europe contre la France. La situation ayant changé, le traité s’était survécu à lui-même, et le chancelier de l’Empire avait parfaitement raison quand il l’appelait un chiffon de papier. »