reculés de l’Europe, de l’Amérique, de l’Asie, de l’Afrique et même de l’Océanie, c’est afin de mettre un terme, d’une façon définitive et complète, aux menaces de violence et de mort que faisait peser sur l’humanité tout entière l’agressive fureur de la barbarie germanique. Il s’agit d’obtenir que l’attaque brusquée de 1914, dont la Belgique et la France ont particulièrement souffert, ne puisse pas se reproduire.
Il faut par conséquent désarmer l’Allemagne et ses complices, les mettre hors d’état de nuire à leurs voisins et de prétendre à la domination de l’univers. Il est indispensable que la réparation intégrale des dommages causés par cette guerre affreuse soit supportée par ceux qui en ont encouru les responsabilités individuelles ou collectives. La justice exige la restitution de tous les biens que l’agresseur s’est appropriés par une entreprise de brigandage organisé et de pillage en bande, aux dépens des personnes attaquées et des peuples envahis. La sécurité des générations à venir veut désormais que, par de sérieuses garanties, par une barrière de frontières naturelles et solides, nos foyers, nos tombeaux, nos autels soient mis pour toujours à l’abri des carnages, des incendies, des profanations, des attentats de toutes sortes qu’ont multipliés, durant cette guerre, les destructeurs de Louvain, d’Ypres et d’Arras, les massacreurs de Dinant-sur-Meuse et de Thamines, de Nomény et de Gerbéviller, les bombardeurs de Reims.
Réparations, restitutions, garanties, telles sont évidemment les trois clauses très simples, très claires, auxquelles pense le maréchal Foch, assis là-bas, à sa place habituelle, entre M. Orlando et M. Jules Cambon. Silencieux, méditatif, singulièrement juvénile et alerte dans sa souple vareuse bleu horizon, que serre un baudrier de cuir fauve, et où brillent les sept étoiles du maréchalat, le commandant en chef des armées alliées réfléchit, se recueille en caressant d’une main un peu nerveuse sa Une moustache, tandis que les sociologues de l’assemblée se préparent à disserter, en anglais et en français, sur le lieu et la date des réunions prochaines d’un bureau international du travail, ainsi que sur les attributions futures du secrétaire général de la Société des Nations.
M. Clemenceau, assis au fond de la salle, préside, ayant à sa droite M. Wilson, à sa gauche M. Lloyd George. Auprès du président des États-Unis sont groupés Mme Robert Lansing,