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offert à 12 fr. 50. ne s’obtenait pas à moins de 35 francs au milieu du XIXe siècle et, sur les 20 millions de francs de soieries vendues par tel de nos magasins de nouveautés, le mètre, il y a cinq ans, ressortait en moyenne à 3 fr.50. Qu’en eussent dit les rédacteurs des ordonnances somptuaires de la fin du XVIe siècle par lesquelles « sont les habitants avertis de se contenir chacun en leur devoir et, considérant leurs qualités et familles, de s’abstenir le plus qu’il sera possible de l’usage de la soie ? »

La soie était pourtant à cette date (1598) moins chère qu’au moyen âge où elle avait valu de 200 à 250 francs le kilo, brute, et de 400 à 1 000 francs teinte en fils, à tisser ou à coudre. Quant aux étoffes, si nous laissons de côté celles dont les noms oubliés ne nous révèlent pas l’« armure, » cendal ou samit aux temps féodaux, « tabis » de Tours ou « gros » de Naples sous l’ancien régime, pour nous attacher aux tissus de trame connue, nous remarquons une baisse sensible sous les derniers Valois. Le satin noir, par exemple, variait jusqu’à François Ier, selon sa qualité, de 133 francs à 33 francs le mètre et ces deux extrêmes se rencontrent la même année dans la même ville. A Anvers, en 1540, un riche satin cramoisi destiné à la reine de Hongrie se payait encore 112 francs ; depuis cette époque jusqu’à 1 800, nous n’en trouvons guère qui dépasse 60 francs et du satin blanc pour église descend jusqu’à 10 francs.

Les velours les plus riches se vendaient, au XIVe siècle, 400 francs le mètre et les meilleur marché 90 francs ; à partir de la seconde moitié du XVIe siècle jusqu’à la Révolution, le maximum n’est plus que de 175 francs, prix de la peluche feuille morte d’un manteau de Louis XIII ; les velours « de Gênes, » « de printemps » ou « à point d’Angleterre, » valaient de 50 à 80 francs et l’on trouvait pour une quarantaine de francs le velours et la panne commune où le duc de Savoie (1 700) faisait tailler à Turin les justaucorps de ses suisses. De même le mètre de damas, qui avait coûté jadis de 200 à 50 francs, — prix payé en 1544 pour une cotte de héraut d’armes, — ne se paye plus en moyenne que 30 francs depuis le XVIIe siècle et les taffetas valent de 8 à 15 francs sous Louis XV au lieu de 25 à 75 francs à la fin de la guerre de Cent Ans.

Ceux-ci, taffetas « de Florence » ou « armoisins, » nous venaient comme toutes soies d’Italie ou d’Orient ; aux dernières