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de la Chambre des Comptes, au XVe siècle, une dépense de 20 sols, — 32 francs, — pour deux manches neuves à un vieux pourpoint de Louis XI et un article de 15 deniers pour une boite de graisse à graisser ses bottes.

Si nous ne connaissons pas exactement le budget de toilette de saint Louis, nous possédons celui de son grand-père Philippe-Auguste dans un compte de l’année 1202. Ce Roi, ainsi que les princes de sa maison, changeait de vêtements trois fois par an, à la Saint-André, à Noël, et à la Notre-Dame d’Août. Deux « capes de pluie » reviennent à 335 francs ; ses tuniques « d’estamfort, » fourrées de cendal, — fourré signifiait aussi double, — coûtent 360 francs, sans compter les garnitures de panne ; sa robe « de camelin fourrée de vair, » 800 francs ; les fourrures ne sont autres que des peaux d’écureuils et de loups, payées 610 francs. Le total ne passe pas 5 000 francs, auxquels il faut sans doute ajouter les journées d’ouvriers ; car, suivant une ordonnance royale, le maître d’hôtel « achète tous les draps et toutes les fourrures pour le Roi et pour Madame, et garde da clef des armoires ; il donne les draps aux tailleurs et compte avec eux pour la façon. » Pour la Reine, sa tunique avec pallium, — manteau, — et « supertunique » vaut 620 francs ; sa meilleure robe avec cape monte à 2 815 francs ; deux robes pareilles, à ses dames, sont portées au compte pour 1 800 francs.

Les chiffres du xiv. siècle pour les produits renommés de Londres, Rouen, Matines ou Bruxelles, — 130 à 160 francs le mètre, — ceux même de 100 à 140 francs pour les draps du « seau » ou « de Monsieur » sous Louis XIV, disparaissent au XVIIIe siècle où les plus luxueux ne dépassent pas 65 francs. Ils avaient donc baissé de plus de moitié » Pour comparer deux étoffes à plusieurs siècles d’intervalle, il faudrait certes les bien connaître, et depuis six cents ans le mot « drap » s’est appliqué à des lainages de toute qualité. Ni les épithètes de rayé, mêlé, gaufré, tanné, échiqueté, roset, sanguine, ni les noms des localités d’origine ne nous renseignent sur leur mérite relatif.

Si nous groupons les tissus de même nom, les prix ne sont pas moins disparates : il existe des « camelots » depuis 6 francs jusqu’à 64 francs, du « blanchet » de 61 francs pour une princesse à 4 fr. 50 pour un berger ; de la serge les prix vont de 36 francs à 1 fr.40, — celle-ci pour courtine d’hospice, — A la